Voyage autour de Privas

Docteur Francus

- Albin Mazon -

X

Pramailhet

Antiquité du pèlerinage de Pramailhet. – Découverte de la statue. – Agrandissement de la chapelle en 1781. – Interdiction du pèlerinage en 1823. – Son rétablissement en 1872. – Les nouveaux et les anciens temples. – La raison d’être des pèlerinages. – Un berger. – Les miracles devant Feuerbach, St-Thomas d’Aquin, Montaigne, St-Augustin, Richard Rothe, mon ami Barbe et le docteur Francus. – Rosette, la sainte de Vesseaux. – Comme quoi les croyants vivent davantage et guérissent mieux que les autres. – Un conseil extraordinaire mais très-sérieux.

J’aurais voulu visiter le sanctuaire de Pramailhet, mais mon ami Barbe, qui n’aime pas les superstitions populaires, se montra peu disposé à m’accompagner. Je m’en vengeai en l’obligeant d’écouter tout ce que j’en savais, et je dois avouer, dès le début, que mon érudition sur ce point doit un fameux cierge à la notice publiée en 1876 par le chanoine Saunier.

L’origine du pèlerinage de Pramailhet, ou Pré Mailhan, se perd dans les ténèbres du moyen âge. Les traditions locales conservent le souvenir d’une jeune fille dévorée par les bêtes féroces ou massacrée dans ces parages, d’où probablement ce nom de Combemale qui signifie val maudit. Les paysans des environs étaient dans l’habitude d’apporter à la vieille chapelle un peu de la laine de leurs brebis, sans doute en reconnaissance de la destruction de bêtes féroces par l’intercession de la Vierge. De ces souvenirs et de ces coutumes, on peut conclure que les gens de ce hameau ou bien quelque monastère des environs eurent l’idée de construire un oratoire, un ermitage, sur la lisière du bois de Combemale, pour qu’il devînt comme un rempart contre de nouveaux malheurs. Des fouilles faites vers 1850, lors de la reconstruction de la chapelle, amenèrent la découverte de très-vieilles maçonneries non seulement sous la chapelle ancienne, mais tout autour, et même au delà du ruisseau qui coule à quelques pas. Le nom de Solitari donné au hameau le plus rapproché, semble confirmer la tradition de l’existence d’un ancien ermitage.

La légende raconte qu’un laboureur de Pramailhet, conduisant ses bœufs dans son champ, rencontrait de leur part une résistance invincible chaque fois qu’ils passaient dans cet endroit. Il creusa et trouva une statue de la Vierge, la même qui figurait dans l’ancienne chapelle et qui, après avoir été transportée, lors de l’interdiction de cette chapelle, à St-Etienne-de-Boulogne, est remontée à Pramailhet. Cette statue a fait partie d’une croix. « La pierre qui porte l’image de Marie est simplement un tronçon de colonne de forme hexagone, à pans inégaux, percé des deux côtés, dans le sens de sa longueur, de manière à reposer sur une douille et à s’ajuster ainsi sur un fût de colonne. Du côté opposé existait un crucifix qui fut brisé en 1804. » Le chanoine Saunier pense qu’il faut voir là une relique de l’ermitage. La croix avait été détruite en même temps que l’ermitage et ses débris ensevelis dans les ruines. Cette découverte peut remonter bien haut, puisque l’usage des croix à double face était connu avant le XIIe siècle.

La vieille chapelle portait un cachet tout particulier d’antiquité : « les pierres de sa porte plein-cintre, ainsi que ses dalles profondément rongées par le temps ; sa voûte très-basse et partant du sol ; ses fenêtres plus petites que les jours d’un cachot ; son autel informe, en mauvaise maçonnerie, et placé dans l’angle le plus rapproché de la porte ; ses tuiles posées sur la voûte nue ; enfin ses dimensions inégales, lui donnaient un air extrêmement primitif, et la ressemblance d’une grotte, d’un tombeau plutôt que d’un sanctuaire. »

Cette chapelle fut agrandie, en 1781, de façon à pouvoir contenir trois cents personnes. Les pèlerinages y continuèrent pendant la Révolution, et ils redoublèrent après.

On y a vu des affluences de cinq à six mille pèlerins. Malheureusement, cette affluence même fut la source de graves abus. Chaque pèlerinage était marqué par des danses et des festins au hameau de Pramailhet, et sous l’influence du vin que l’air vif du Coiron fait absorber encore plus volontiers, on devine aisément les désordres qui pouvaient avoir lieu.

Pour mettre fin à cet état de choses, l’autorité diocésaine interdit le pèlerinage vers 1823, ou plutôt le transféra à l’église de St-Etienne-de-Boulogne.

Vers la même époque, un violent orage fit crouler la construction de 1781. Néanmoins, les pèlerins continuèrent d’affluer. En 1851, quelques-uns se cotisèrent et rétablirent le mur détruit par l’orage. « Le concours persévéra malgré le ridicule et le blâme déversés sur ceux qui prenaient part à ce pèlerinage interdit, malgré les agissements très-suspects de quelques têtes exaltées qui exploitaient la crédulité publique, qui abusaient de l’absence du prêtre pour singer les cérémonies de l’Eglise, imaginer des processions, faire des quêtes et formuler des prières de leur façon. »

Le pèlerinage de Pramailhet fut rétabli en 1872 à la suite des démarches de l’abbé Ollier, curé de Darbres, actuellement curé à Colombier-le-Vieux, et le 9 septembre de cette année, la messe y fut célébrée pour la première fois depuis cinquante ans, en présence de quatre mille pèlerins.

Les pèlerinages de Pramailhet ont lieu le troisième jeudi de chaque mois, de mai à septembre inclusivement. Il y a, de plus, une grande affluence de pèlerins le 8 septembre, fête de la Nativité.

Les pèlerins arrivent généralement de grand matin, quand ils ne sont pas arrivés dès la veille. Les messes se succèdent et les communiants sont ordinairement fort nombreux. Jusqu’à midi, le recueillement domine dans cette foule. Mais après la grand’messe, la scène s’anime, on se reconnaît, on s’appelle, les petits marchands crient leurs marchandises à haute voix. Des groupes se forment partout aux abords de la chapelle et du hameau, on dîne sur l’herbe peu à peu, on s’en va, et le soir Pramailhet est redevenu un désert.


Les lieux de pèlerinage ont pour moi un attrait particulier où l’archéologie, je l’avoue, a peut-être plus de part que la dévotion. L’homme, disait judicieusement un jour mon ami Barbe, est plus moutonnier que les moutons. On ne change pas facilement, surtout dans la vie simple des campagnes, les habitudes et les idées. Le fils va où allait son père lequel, à son tour, a marché sur les traces de son grand-père, et ainsi de suite jusqu’à nos ancêtres les Helviens et à leurs prédécesseurs les Celtes. Si, de plus, l’on songe que tout culte vainqueur a tenu à affirmer et consolider sa victoire en s’établissant sur le terrain même et dans les temples du culte vaincu, et quand enfin, on se trouve, comme à Pramailhet et à Notre-Dame-d’Ay, en présence de traditions qui se perdent dans la nuit des temps, rien n’empêche de supposer que la piété païenne s’est déjà manifestée là où s’étale aujourd’hui la piété chrétienne, et il est difficile, au sceptique comme au croyant, de n’être pas saisi de cette manifestation toujours renaissante du sentiment religieux à travers tous les âges et tous les bouleversements politiques et sociaux.

Les deux grands pèlerinages de l’Ardèche, Lalouvesc et Notre-Dame-de-Bon-Secours, sont relativement nouveaux. Pramailhet les domine de plusieurs siècles d’antiquité.

J’ai entendu dire beaucoup de bien et beaucoup de mal des pèlerinages. Pour moi, j’ai toujours envie de jeter un peu d’eau froide sur l’enthousiasme des uns comme sur les détractions passionnées des autres. En définitive, les pèlerinages se défendent par leur perpétuité même, Et ils se perpétuent parce qu’ils répondent à des sentiments inextinguibles. De même qu’il y a des caractères et des situations qui ne peuvent trouver leur satisfaction dans le paisible cours d’une vie régulière, et qui portent invinciblement aux aventures, de même il y a des états de l’âme et des infirmités du corps auxquels ne suffisent pas les formes calmes et normales du culte et que les voies mystiques attirent invinciblement. Les esprits forts auront beau sourire et disserter. Ce n’est pas notre faute si leurs sourires et leurs dissertations n’ont pas sur les affligés et les malades la puissance d’une statue miraculeuse ou d’une fontaine sacrée dans un bois sauvage. Nous pourrons être de leur avis quand ils auront changé le cœur humain, quand ils auront trouvé le moyen de produire avec des mobiles terrestres, avec des syllogismes rationalistes ou républicains, les miracles dont la foi aux choses divines a gardé jusqu’ici le monopole.


Un berger vint à passer conduisant des chèvres et des vaches.

Nous lui parlâmes de Pramailhet. Il nous raconta plusieurs guérisons merveilleuses qui avaient eu lieu aux derniers pèlerinages.

Mon ami Barbe ne put réprimer un sourire d’incrédulité.

Le berger le regarda d’un air méfiant, comme s’il avait devant lui l’antique personnage au front cornu et aux pieds fourchus.

– Est-ce que vous ayez été vous-même témoin de ces miracles ? lui demanda fort doucement mon ami Barbe.

– Non, répondit le berger, mais tout le monde à Pramailhet les a vus.

– On vous a trompé, mon brave, répliqua Barbe ; il n’y a point de miracles.

– Ah ! mon bon monsieur, dit le berger d’un ton moitié irrité et moitié moqueur, si Notre-Dame vous entendait ! Quelqu’un qui parlait comme vous, il n’y a pas longtemps de cela, a été mangé par les loups. Vous ne savez peut-être pas qu’il y a encore des loups dans les bois de Combemale !

Ce disant, il fit un grand signe de croix, siffla son chien et rejoignit ses bêtes.


Je n’avais rien dit, me contentant de contempler d’un air quelque peu ironique mon brave compagnon de voyage.

– Est-ce que vous croiriez, par hasard, aux miracles ? me dit Barbe un peu froissé.

– Je vous répondrai quand vous m’aurez expliqué ce que vous entendez par miracles.

– N’est-ce pas vous, docteur, répliqua-t-il, qui nous avez cité un jour ce mot profond d’un philosophe allemand :

« Un miracle est une déviation essentielle des lois de la nature. Nous ne connaissons pas les lois de la nature, ne parlons pas de miracle. »

– Au contraire, parlons-en, et, comme vous êtes un esprit juste, nous finirons par nous entendre. J’avoue que cet argument de Feuerbach m’a paru autrefois irréfutable. Je vous accorderai même qu’il l’est dans le sens absolu, mais j’ajoute qu’au sens pratique, l’expérience et la réflexion me le font trouver aujourd’hui assez faible. Je commence par vous rappeler le mot de saint Thomas-d’Aquin : miracula non sunt multiplicanda ; ce qui veut dire qu’il ne faut pas abuser des miracles, ou plutôt qu’il faut n’y croire qu’à bon escient. Les bonnes gens qui vont répétant que l’Eglise ne songe qu’à fabriquer des miracles font preuve d’une ignorance singulière. On serait bien plus près de la vérité en disant que l’Eglise, c’est-à-dire le pape et les évêques, sont plutôt très occupés à résister à l’invasion des miracles faux ou douteux qu’un zèle malentendu ou une piété aveugle cherchent constamment à leur imposer. Souvenez-vous des apparitions de St-Sernin, il y a une quinzaine d’années : n’est-ce pas la sagesse du clergé qui mit fin à cette légende populaire ?

Les miracles sont, comme les pèlerinages, des fruits spontanés de la conscience religieuse des populations. C’est comme un vent venu on ne sait d’où, qui souffle soudainement et sous lequel toutes les âmes ploient. Il y avait, vers 1868, dans un hameau de Vesseaux, une brave fille qu’on appelait Rosette, à qui ses vertus et sa réputation de sainteté attiraient une foule de pauvres gens qui venaient lui demander leur guérison. Rosette les recevait assez rudement. « Ce n’est pas moi qui guéris, disait-elle, c’est le bon Dieu. Allez le prier et il vous guérira ! »

Il est probable que quelques-uns suivirent ce bon conseil et y puisèrent une force curative qui leur manquait auparavant, car la réputation miraculeuse de Rosette ne fit que croître dans la contrée, bien qu’elle fût la première à la démentir. Il n’y a pas encore bien longtemps, en montant l’Escrinet, nous rencontrions un vieil estropié qui nous dit, entre autres choses : Ah ! si Rosette n’était pas morte, ma jambe serait depuis longtemps guérie !

Voici comme je comprends les choses, ami Barbe. – Il faut d’abord s’entendre sur les miracles. Je pense comme vous que Dieu a établi un ordre de choses, dont il ne peut pas lui-même s’écarter, car ce serait le rabaisser au niveau de nos assemblées bavardes, que de supposer qu’il a établi des lois pour les violer ensuite. Dieu ne peut donc pas plus faire que deux et deux fassent trois qu’il ne peut faire repousser la jambe d’un amputé. – Seulement, il peut, par la force morale et physique que donne la foi – force qu’aucun médecin n’est capable de mesurer – produire des effets extraordinaires, des guérisons merveilleuses, qui ne sont pas des miracles si l’on entend par ce mot un fait absolument contre nature, mais que la masse considérera à bon droit comme tels, parce que la science humaine était impuissante à les produire.

Le mot de Feuerbach est donc à double tranchant. Si l’on ne peut pas affirmer de miracle parce qu’on ne connaît pas les lois de la nature, on ne peut pas davantage leur opposer une dénégation absolue. J’ajoute que le mot est incomplet, car en dehors ou au-dessus de la nature, c’est-à-dire du monde visible et accessible à nos sens, il y a le monde invisible et surnaturel dont les lois nous sont inconnues.

C’est pour cela sans doute, qu’on a toujours vu les grands esprits, même les plus sceptiques, beaucoup plus réservés sur ce chapitre que nos théologiens et nos politiques de café.

Ainsi, tandis que tous les Progrès et tous les Indépendants de province condamnent en bloc et jettent par dessus bord, tout ce qui ne va pas à la hauteur de leur sublime intelligence, le penseur illustre, qui s’appelle Montaigne, écrit modestement :

« La raison n’a appris que de condamner résolument une chose pour fausse et impossible, c’est se donner l’avantage d’avoir dans la tête les bornes et limites de la volonté de Dieu et de la puissance de notre nature ; et qu’il n’y a pas de plus notable folie au monde que de les ramener à la mesure de notre capacité et suffisance. »

Un protestant célèbre, Alexandre Vinet, dit de son côté :

« Il y a bien peu de vérités parfaitement claires. L’union de notre âme et de notre corps est un mystère ; nos sentiments les plus familiers, nos affections, sont un mystère ; l’action de la pensée et de la volonté est un mystère. Pourquoi admettons-nous tous ces différents faits ? Est-ce parce que nous les comprenons ? Non certes, mais parce qu’ils sont évidents par eux-mêmes et parce que ces vérités nous font vivre. »

Saint Augustin avait déjà dit : « Il faut bien accorder à Dieu qu’il peut faire quelque chose qui nous dépasse. »

Un profond métaphysicien, Richard Rothe, dit enfin : Le surnaturel est aussi une nature.

Il me semble que ces opinions sont comme les échelons à l’aide desquels la raison la plus chatouilleuse peut, sinon comprendre les miracles, du moins s’expliquer comment et dans quelle mesure on peut les admettre.

Pour moi, tout en n’admettant les miracles qu’avec la plus, extrême réserve, je ne crois pas qu’on puisse philosophiquement les nier en principe.

Il faut pour cela les considérer non pas comme une contradiction aux lois naturelles, mais comme un effet des lois surnaturelles qui, pour nous être à demi-cachées, n’en sont pas moins réelles. Celles-ci ne sont pas contraires aux lois naturelles ; elles leur sont simplement supérieures. Elles font en quelque sorte le trait-d’union entre les deux mondes ; celui des purs esprits et celui des corps animés par des esprits. Il est certainement assez difficile d’expliquer les mystères dont nous sommes environnés de toutes parts, mais les nier n’avance à rien et ce procédé caractérise les cervelles étroites. Soyons réservés, mais que le respect de l’inconnu balance chez nous le doute de l’invraisemblable.

Au point de vue purement médical – car il faut toujours en revenir à ses moutons – je constate que les pèlerinages font souvent des cures devant lesquelles s’inclinent tous les médecins et tous les pharmaciens du monde.

J’en appelle à mes confrères les plus sceptiques. Que de fois ne se sont-ils pas réjouis de la foi religieuse de leurs malades, sachant le calme et l’énergie vitale que ceux-ci peuvent y puiser !

Une statistique que l’on devrait bien faire est celle de la mortalité comparée des croyants et des incrédules. Je suis sûr que les résultats en seraient des plus avantageux aux croyants. Il est certain, dans tous les cas, que les croyants de toute religion vivent en moyenne plus longtemps que les autres, par diverses raisons, dont les principales sont ; 1° que, leur vie est généralement plus régulière ; 2° que, lorsqu’ils sont malades, la foi religieuse leur fournit un moyen de guérison que les incrédules n’ont pas.

Un nouveau grief que les hommes sans parti pris, républicains ou monarchistes, sont en droit de faire aux énergumènes anti-religieux qui tiennent en ce moment le haut du pavé, c’est de poursuivre un but qui, s’il était atteint, aurait pour effet de diminuer l’énergie curative des malades et de raccourcir probablement d’une façon notable la durée de la vie humaine. Ceci n’est point un paradoxe, mais une vérité mathématique.


Une idée me vient ici, et je la jette au grand vent de la publicité avec l’espoir qu’elle sera recueillie par des oreilles intelligentes.

Figurez-vous sur ce beau plateau du Coiron, les tièdes splendeurs de l’automne faisant subitement place aux horreurs de l’hiver. Toute verdure a disparu, le vent souffle avec fureur sur l’immensité neigeuse. C’est comme un linceul blanc étendu des Cévennes aux Alpes. Les paysans de la contrée se serrent dans leurs cabanes fumeuses. Un d’eux tombe malade. Le médecin est loin : à Aubenas, Privas ou Villeneuve-de-Berg. D’ailleurs, les communications sont longues, difficiles, quelquefois impossibles, et les visites coûtent cher. Voilà un pauvre diable condamné à mourir faute d’un médicament ou d’un bon conseil.

Comment faire ? – Je le sais bien, et il me semble qu’il y a dans cette situation un moyen pour le clergé de recouvrer une partie de son ancienne influence, tout en rendant aux pauvres populations un nouveau et signalé service.

Pourquoi n’y aurait-il pas dans tous les séminaires un professeur de médecine pour donner aux jeunes ecclésiastiques les notions les plus indispensables de l’art de guérir, en faire tout au moins des officiers de santé ?

Pourquoi n’y aurait-il pas aussi un professeur de droit, pour leur donner une teinte du droit et de la procédure, de manière à leur permettre de faire éviter aux paysans bon nombre de procès coûteux ?

Ces deux propositions vont paraître sans doute extraordinaires à bien des gens, mais, comme ce n’est pas d’hier que je les roule dans ma cervelle, je me permets de les maintenir ici comme raisonnables et pratiques, autant dans l’intérêt des populations des campagnes que dans celui de l’Eglise, car leur exécution profiterait à la fois à la santé, à la moralité et au bon sens publics.