Voyage … le long de la rivière d’Ardèche

Docteur Francus

- Albin Mazon -

VIII

La seigneurie de St-Marcel

Le château de Bernis. – L’église de St-Marcel. – St-Etienne-de-Dions. – La suzeraineté de Saint-Marcel disputée entre les comtes de Toulouse et les évêques de Viviers. – Les seigneurs de St-Marcel. – Les trois consuls régents. – La famille de Pierre de Bernis. – Ses procès avec quelques héritiers des anciens coseigneurs. – Une nouvelle édition de la fable de l’huître et les plaideurs. – Prise de St-Marcel par les protestants. – St-Sulpice. – St-Julien de la Renne et les enfants grognons. – La commanderie de St-Jean, de Trignan. – La sœur Olivonne.

Nous avons déjà dit que rien n’égale la beauté du côteau sur lequel s’étalent St-Just et St-Marcel. Le marquis de Bernis, dans un mémoire adressé à dom Bourotte (1), qui va nous fournir d’intéressantes données sur ce pays, est plus enthousiaste que nous et déclare que « s’il y a en Europe une autre vue d’égale beauté à celle de St-Marcel, il n’y en a pas sûrement une troisième ». Il décrit ensuite à grands traits : l’Ardèche traversant la plaine, les montagnes de Provence ; le pont St-Esprit, à cinq mille toises de distance, formant un portique majestueux ; des points de perspective si variés que le spectacle en est toujours nouveau ; la vue de cinq provinces différentes : le Languedoc, la Provence, le comté d’Avignon, la principauté d’Orange et le Dauphiné.

Pour l’intérieur du bourg, il est plus modeste. Il convient que « la ville est mal bâtie et mal percée. Le clocher forme une belle pyramide, mais l’église est affreuse. La quantité de tours qui s’élèvent au-dessus des autres bâtiments lui donnent de loin quelque apparence ; on y découvre neuf ou dix habitations de seigneurs dont le principal château est celui que j’habite, soit pour la grandeur ou l’apparence ; on peut même dire que c’est le plus beau du Vivarais ; malheureusement, cela ne prouve rien de magnifique… »

Cette dernière restriction ne suffit guère à faire passer ce plus beau du Vivarais, quand on songe à ce qu’étaient le château de Boulogne, celui de la Bastide-d’Antraigues et quelques autres. Ovide de Valgorge le traite d’énorme maison blanche, ce qui est vrai et ne l’empêche pas néanmoins d’être la plus délicieuse, sinon la plus grandiose habitation qu’on puisse imaginer, par sa riante position et le panorama incomparable dont on y jouit.

L’église de St-Marcel a été nouvellement rebâtie, mais on a conservé le portail roman de l’ancienne qui remontait au XIIe siècle et le clocher qui était du XVe. D’après les Bollandistes, la paroisse devrait sa fondation et son nom de St-Marcel à St-Venance, évêque de Viviers, qui mourut en 535.

Plus tard (dans le bref d’obédience des chanoines de Viviers), nous voyons que le chanoine Arnulphe tenait l’église de St-Marcel avec seize manses. Au quartier de la Bégude, une ferme porte encore le nom de Chapitre.

L’invasion sarrasine de 735 détruisit les paroisses voisines, St-Julien du Colombier et St-Etienne de Dions, qui furent ensuite réunies avec leur territoire au consulat de St-Marcel. On suppose que Dions tirait son nom de Dionisius ou Bacchus, à cause de l’excellent vin que l’on recueillait dans ces parages. Les ruines du village que l’on voyait non loin du château de M. de Pontbriant, sur la route du Bourg à St-Marcel, ont presque disparu. On a extrait du cimetière de vieilles pierres tombales. Quelques-unes, entr’autres celle d’un vieux sarcophage, ont été employées à la construction du mur qui longe la route devant le château. La partie creuse du sarcophage est tournée vers l’intérieur de la propriété, en sorte qu’à l’extérieur on ne peut guère deviner son ancienne destination. St-Etienne de Dions revit dans ce mur, dont les pierres noires et irrégulières lui appartenaient.

Les anciens du pays se souviennent de l’église ou chapelle de St-Etienne ; les dernières pierres ont été dispersées il y a une soixantaine d’années. Un certain nombre ont servi à la construction d’une des fermes existant le long de la route. On y voit quelques sculptures : des feuillages, un raisin, un oiseau tenant dans son bec une couronne.

Charlemagne donna la suzeraineté de ces paroisses et de plusieurs autres à l’évêque de Viviers. Le marquis de Bernis, frère du cardinal, possédait l’acte de donation et déclare dans son mémoire, qu’il en a fait présent à l’évêché.

En 897, Charles-le-Chauve donna l’église de St-Marcel à Etherius, évêque de Viviers. La juridiction de St-Marcel était tenue depuis lors à foi et hommage des évêques de Viviers.

La justice de St-Marcel était très divisée dès les temps les plus reculés. « Il est à présumer, dit le Mémoire, que lors des guerres des Sarrasins ou des particuliers, plusieurs seigneurs vinrent habiter St-Marcel comme en un lieu considérable pour réunir leurs forces, et que la maison de St-Marcel les associa à cette seigneurie ».

Quant à la suzeraineté du pays, il ne semble pas que les évêques de Viviers en aient toujours joui paisiblement, ce qui n’a rien d’étonnant, quand on songe que St-Marcel touchait à la frontière des Arécomiques devenue celle des possessions du comte de Toulouse. Cette suzeraineté avait passé avant 1100 au comte de Toulouse, qui l’échangea, ainsi que plusieurs autres, avec l’évêque de Viviers. Un siècle plus tard (1193), nous retrouvons St-Marcel mêlé aux divergences de Raymond V avec Nicolas, évêque de Viviers. Robert, archevêque de Vienne, eut à ce sujet une entrevue avec le comte de Toulouse, au château de Fremigières, entre le Bourg-St-Andéol et la Palud. Dans la convention conclue en mai 1193, Raymond se désista de toutes ses prétentions sur Viviers et s’engagea à n’acquérir ni fief ni droit dans le Vivarais, sans le consentement de l’évêque. De son côté, l’évêque donna à Raymond cent marcs d’argent et lui céda les châteaux de Grospierres et d’Ayguèze. Le comte devait justifier, devant Robert, de ses droits sur St-Marcel avant la Pentecôte suivante, faute de quoi ce village et celui d’Ayguèze restaient acquis à l’évêque. Il fut stipulé aussi que, dans le cas de cession du village de St-Just, l’évêque conserverait l’église et ses dépendances. (2)

L’évêque de Viviers avait acquis depuis un certain temps de Pierre Alphanti, le dixième de la justice de St-Marcel, lorsqu’en 1241 les autres seigneurs entre lesquels les autres parts de cette justice étaient réparties – ils étaient au nombre de quarante-huit – s’entendirent pour mettre fin au trouble et à la confusion résultant de cet état de choses. Ils décidèrent que la justice serait désormais exercée par trois consuls régents choisis parmi les seigneurs qui auraient préalablement rendu hommage à l’évêque leur suzerain. L’un des trois était nommé par l’évêque, propriétaire du dixième, et les deux autres, par le corps entier des seigneurs. Les régents élus prêtaient serment, sur l’autel de la chapelle de Ste-Catherine, le 2 février de chaque année, de bien et dûment exercer le fait de la justice et de rendre à chaque seigneur partie des émoluments de la juridiction au prorata de son droit. Ils recevaient ensuite le serment des consuls, syndics et conseillers de la maison de ville. Les régents ne pouvaient être continués deux ans de suite, mais ils avaient la liberté de choisir leurs successeurs parmi les coseigneurs.

Un autre acte, en date de 1251, régla les émoluments de cette juridiction. Le dixième de l’évêque étant prélevé, le restant fut attribué, savoir : un quart à la famille de St-Marcel, un autre quart aux Arnaud (sur lequel un huitième revenant aux familles de Ponteils et Ytier), un huitième aux Goirand, un huitième aux Arimand, autant aux Yssard et autant aux Renouard. La part de l’évêque mise de côté, la seigneurie de St-Marcel était donc divisée en huit parts ou pareries, dont deux seulement étaient réunies aux mains d’une seule famille, et les autres très subdivisées entre les membres des diverses familles de coseigneurs. Le texte latin des deux actes de 1241 et 1251 se trouve reproduit à la suite du Mémoire du marquis de Bernis dans la Collection du Languedoc. Les originaux doivent être aux archives de l’évêché de Viviers.

Les régents exercèrent longtemps eux-mêmes la justice, et cette organisation analogue, on le voit, à celle que nous avons signalée à la Garde-Guérin (3), dura tant que les seigneurs habitant St-Marcel furent assez nombreux pour faire de nouvelles nominations. Ensuite, c’est-à-dire vers la fin du XVIIe siècle, les seigneurs nommèrent à la pluralité des voix les officiers de justice (on sait que, pour tempérer l’autorité des seigneurs, des ordonnances royales leur interdisaient de siéger en personne), mais les droits des héritiers des pareries étaient sauvegardés et ils furent liquidés par des arrêts du Parlement que sollicita Philippe-Charles-François de Pierre de Blou, le frère du cardinal, pour se faire déclarer marquis et seigneur de St-Marcel de Pierre-Bernis. Nous voyons par un passage d’une lettre du cardinal à la marquise de Pompadour, en date de 1758, que cette liquidation avait coûté 130,000 livres qui furent empruntés par le marquis à Montmartel, le banquier de la cour et que le cardinal remboursa plus tard. (4)

L’arrivée à St-Marcel de la maison de Pierre date de l’année 1380 où noble Bertrand de Pierre, damoiseau, de Nimes, épousa (le 20 décembre) Catherine, fille de noble Léger de St-Marcel, damoiseau, et de Périne de Mirabel. Les de Pierre venaient du Bas-Languedoc, où leurs aînés ont possédé les baronnies de Ganges, de Castries, de Pierrefort et de Hierle. Lorsque l’abbé de Bernis fit ses preuves de noblesse en 1748, pour être reçu chanoine comte de Lyon, il fut reconnu par procès-verbal que la maison de Pierre (Petri), était issue des anciens barons de Ganges, vicomtes de Fenouillède et de Pierrepertuse en Languedoc, remontant à Pierre de Pierre qui vivait au XIe siècle et que Dom Vaissette croit frère de Guillaume de Pierre, chevalier croisé en 1096 et tué au siège de Tyr en 1112.

Avec les terres de St-Marcel, St-Etienne-de-Dions et St-Julien-du-Colombier en Vivarais, Catherine avait apporté à son mari la seigneurie de Bernis, dont le nom passa à Bertrand de Pierre, son fils cadet, et ce n’est qu’à l’extinction de cette branche en 1595, que les de Pierre de St-Marcel ajoutèrent à leur nom celui de Bernis, pour se distinguer de la branche aînée appelée de Pierre des Ports.

L’érection de St-Marcel en marquisat par lettres patentes d’avril 1751, donna lieu à un long procès sur lequel nous trouvons quelques renseignements dans un mémoire présenté au Parlement de Toulouse, vers 1776.

Dès la concession des lettres patentes, un sieur de Laroquete, lieutenant-colonel d’infanterie, ameuta les quelques ayant droit, héritiers des parts de parerie que les Bernis n’avaient pu acquérir, et fit avec eux opposition à l’enregistrement de l’acte royal. Les réclamants prétendirent que les lettres patentes étaient obreptices et nulles, parce que le marquis de Bernis s’était qualifié seigneur, tandis qu’il n’était que simple coseigneur de St-Marcel. Ils lui disputèrent jusqu’à la dénomination de son château.

Le marquis répondit qu’il n’avait jamais entendu être seul seigneur de St-Marcel, mais il soutint qu’en sa qualité de principal portionnaire, puisqu’il avait acquis par succession ou par achat, plus de la moitié de la justice et directe de St-Marcel, il avait le droit exclusif de s’en qualifier seigneur ; de jouir de la préséance dans toutes les actions publiques et honorifiques, de la prohibition de la chasse et autres prérogatives attachées au titre de principal portionnaire, sauf aux autres paréagers de prendre celui de coseigneur et de chasser, dans l’étendue du fief, jusqu’au cantonnement. Il ne contestait pas, du reste, la part fort minime que les réclamants pouvaient avoir à l’exercice et aux émoluments de la justice, et demandait que cette part fût réglée par un arrêt de la Cour.

Les lettres-patentes furent enregistrées le 25 mai 1752, mais le litige ne fut pas éteint pour cela. Les sieurs de Laroquete et Caderousse soutinrent que tous les coseigneurs de St-Marcel étaient pairs et égaux en droit, qu’aucun d’eux ne pouvait, quel que fût le nombre des parts de justice dont il était possesseur, s’arroger ni distinction ni prééminence, et réclamèrent la remise en vigueur de l’ancienne régence.

Le marquis répliquait que les actes de paréage de 1241 et 1251 n’avaient pas prévu le cas de la réunion de la plupart des pareries dans une seule main et que, d’ailleurs, les actes en question devaient fléchir devant la loi publique et céder aux règlements généraux postérieurement établis dans le royaume.

Un arrêt de la cour de Toulouse du 23 août 1757, donna raison au marquis de Bernis, sur tous les points, en réservant le règlement de la quotité de justice de chacun. Là dessus, tout le monde fouilla dans les vieilles archives et produisit ses titres. Finalement, un arrêt du 9 septembre 1762 règlant les portions de justice et de seigneurie de St-Marcel, établit que, sur huit livres d’allivrement total, un huitième seulement revenait aux réclamants, le reste appartenant au marquis de Bernis ou à d’autres portionnaires que celui-ci se chargeait de désintéresser.

Le sieur de Laroquete continua la lutte en suscitant un nouveau réclamant. Son oncle, M. de Serre, forma opposition à l’arrêt de 1762 comme partie intéressée non entendue. Dans une requête présentée le 23 août 1770, ce personnage se prétendit, lui aussi, seigneur parier de St-Marcel. Après sa mort, survenue peu après, son fils, le marquis de Gras, continua l’instance contre le cardinal de Bernis, héritier de son frère. Le procès durait encore en 1775. Il était motivé par une pure question d’amour-propre, par des rivalités d’influence ou de famille, et non par l’intérêt d’argent, qui était des plus minimes, et, d’ailleurs, le cardinal de Bernis, pour éteindre le différend, avait offert aux réclamants trente mille livres, c’est-à-dire une somme infiniment supérieure à ce que pouvaient valoir les droits en litige. Mais il n’y a rien d’aussi intraitable que l’amour-propre, et c’est pour cela que les adversaires de la famille Bernis persistèrent dans leur opposition, peut-être jusqu’à l’époque de la Révolution qui vint, en mangeant l’huître, mettre les plaideurs d’accord d’une façon toute inattendue.

St-Marcel est nommé une seule fois dans l’histoire de nos guerres religieuses. En décembre 1567, l’armée du comte d’Acier, ou du moins un corps de cette armée, vint attaquer St-Marcel pour venger la mort du fils de Senas, un chef protestant, qui y avait été tué. La ville fut prise et les habitants de tout sexe furent massacrés. On n’épargna que les enfants au-dessous de huit ans.

D’après le Mémoire du marquis de Bernis, le général protestant aurait épargné tous ceux des habitants qui eurent le temps de se réfugier dans le château de Louise d’Artifels, veuve de Bertrand de Pierre, arrière petit-fils de Pierre, l’époux de Catherine en 1380. Le comte d’Acier aurait respecté le château à cause des liaisons des deux familles. L’histoire du Languedoc évalue seulement à 200 le nombre des catholiques qui périrent en cette circonstance.


Il y a trois chapelles en vénération à St-Marcel :

St-Sulpice qui guérit la teigne ;

St-Julien de la Renne ou di Renaïre, qui tarit la source des pleurs ;

Et St-Joseph, qu’invoquent plus particulièrement les jeunes filles.

La chapelle de St-Sulpice est un petit monument fort ancien qui, par le bel appareil de sa maçonnerie, l’épaisseur de ses murs percés seulement d’étroites meurtrières, son abside pentagonale et la pureté de son architecture romane, mérite, plus qu’on ne croit, l’attention des archéologues et l’aurait, croyons-nous, attirée depuis longtemps sans l’affreux badigeon sous lequel on a comme à plaisir masqué son cachet antique.

Cette chapelle se compose de trois travées. Le chœur comprend cinq faces ou petites absides bien régulières avec arceaux à plein cintre. C’est une sorte de chapelle-forteresse. On y descend par une porte très basse. L’autel lui-même, tout fruste qu’il est, a quelque chose de remarquable : c’est un monolithe de vingt-cinq centimètres d’épaisseur reposant sur un pan de maçonnerie. On y dit la messe deux fois par an. La chapelle peut tenir cent cinquante à deux cents personnes, en tenant compte de la tribune. On remarque dans le sanctuaire deux grandes niches romanes qui descendent jusqu’au niveau du sol, en sorte que les hommes peuvent s’y asseoir.

On voit encastrée dans l’un des murs la pierre tombale portant l’intéressante inscription déchiffrée par l’abbé Paradis et citée par le chanoine Rouchier : In hoc tumulo requiescit bonœ memoriœ Ingiranus, fidelissimus laïcus, etc.

Il est à remarquer que les caractères de cette inscription, en lettres capitales, sont absolument semblables à ceux des inscriptions de Bernoïn et d’Aurélien, à l’église du Bourg-St-Andéol, ce qui est un indice que la chapelle de St-Sulpice remonte au moins au IXe siècle. Quelques pierres sculptées que l’on remarque çà et là sur les murs extérieurs peuvent être considérées comme les vestiges d’un plus ancien temps païen.

On amène de loin à cette chapelle les enfants qui ont mal à la tête.

La chapelle de St-Julien de la Renne ou di Renaïré est ainsi nommée des enfants pleurards et grognons qu’on y porte. Rêna, en patois, veut dire grogner et renaïré grognon.

Elle a été l’objet d’une courte notice du docteur Gilles insérée à la fin d’un petit volume du chanoine Rivière de Nimes sur St-Julien, martyr de Brioude.

Cette chapelle est à trois kilomètres environ au nord de St-Marcel sur une colline aride. Le toit à double pente est surmonté d’un clocher à arcades. Son architecture romane et la tradition s’accordent à en fixer la fondation au Xe siècle. A l’extrémité du chœur qui regarde l’orient, est suspendu un tableau représentant St-Julien en costume guerrier, le casque en tête et la main sur l’épée. Le docteur Gilles croit que ce St-Julien, avec sa tunique et son costume moyen-âge, est le même que St-Julien de Brioude.

A l’angle nord de la façade est un mur auquel est adossé un banc de pierre qu’on appelle le banc des pauvres.

A gauche de la porte d’entrée se trouve creusée dans la pierre dure, à un mètre du sol, une ouverture circulaire, ayant dix-sept centimètres de diamètre et sept de profondeur. C’est là le creux de St-Julien où l’on apportait les enfants pleurards. Les mères de famille qui en avaient de ce genre – et qui n’en a pas ? – les amenaient à la chapelle pour les vouer à St-Julien. Après la messe, on approchait l’enfant de l’ouverture en lui administrant une fouettée au bon endroit – c’était de rigueur ; il fallait que l’enfant pleurât là, pour qu’il ne pleurât plus ensuite. On prétend qu’une fois la tête dans le creux, plaintes et pleurs s’arrêtaient instantanément.

Notons, en passant, que les dévotions occasionnées par les enfants grognons ne sont pas spéciales à St-Marcel. Il existe au col de Ste-Foy qui domine Largentière, une niche où l’on portait autrefois les enfants grognons et qui s’appelle encore le trou de Ste-Renne. On y laissait le bonnet des petits pleurards, et quelquefois un sou, dont profitaient les pauvres gens qui passaient par là.

MM. Penel et Chiron ayant fouillé en 1879 le cimetière qui est au sud de la chapelle de St-Julien de la Renne, y trouvèrent trois rangs de sépultures superposées. Les plus profondes étaient séparées les unes des autres par des dalles placées verticalement et formant une sorte d’auge rectangulaire. Celles du milieu étaient bâties et contenaient des vases de terre noire, indices d’une origine gallo-romaine. On y trouva deux médailles de Faustine.

M. Béraud, du Bourg-St-Andéol, propriétaire de la ferme voisine, y a découvert un puits régulièrement creusé, mais comblé de pierres, au fond duquel se trouvaient beaucoup d’ossements humains pétrifiés et deux urnes en poterie noire avec les débris d’un seau en bois. Tous ces objets furent donnés à M. Penel. Une pierre encastrée dans les murs de la ferme porte, dit-on, la date de DCVIII (608). Les débris de poteries et tuiles romaines abondent aux abords de la chapelle.

M. Penel est mort récemment à St-Marcel, en léguant sa collection au musée de St-Etienne en Forez, son pays natal. Cette collection contient un bon nombre de pièces fort intéressantes pour nous, notamment des os de renne et une mâchoire d’ours pétrifiée, trouvés dans les grottes de St-Marcel ou aux environs. M. Penel a fait don au curé de St-Marcel, d’un très beau Christ en ivoire, de 35 centimètres, semblable à celui d’Avignon, et que les connaisseurs croient être également l’œuvre de Guillermin (1659).


D’après la tradition locale, il y avait au mas de Trignan, autrefois quartier d’Artignan, une maison de Templiers dont les biens auraient passé, après la destruction de cet ordre, aux Hospitaliers ou chevaliers de St-Jean de Jérusalem, d’où le nom de St-Jean que porte aussi cette région. Mais, si l’on songe que les vieux parchemins de St-Marcel constatent des donations faites en 1220 et en 1269, non pas aux Templiers, mais aux Chevaliers de St-Jean de Jérusalem établis à Trignan, on peut se demander si les Templiers ont jamais eu des possessions de ce côté et si la tradition locale ne les a pas confondus avec les Hospitaliers. On sait que l’ordre du Temple, fondé à Jérusalem en 1118, fut détruit par Philippe le Bel en 1307, et que les Hospitaliers devenus plus tard les Chevaliers de Malte n’ont disparu qu’à la Révolution et ont gardé Malte jusqu’en 1798. La même réflexion s’applique à la Madeleine, cette ruine pittoresque de la rive droite de l’Ardèche, qu’on croit une ancienne maladrerie des Templiers, et qui pourrait bien avoir été donnée directement aux Hospitaliers par dame Vierne en même temps que St-Jean et le Bourdelet. Toutes les anciennes maladreries ou léproseries étant dédiées à Ste-Madeleine ou à St-Lazare, le nom de Madeleine semble confirmer, en effet, la tradition d’une maladrerie en cet endroit.

On remarque sur les roches de la région de St-Marcel un certain nombre de croix gravées qui indiquent sans doute les limites des propriétés de l’ancienne commanderie de St-Jean. Les ruines du bâtiment principal sont bien près de disparaître. Il y a une quarantaine d’années, on pouvait encore voir à St-Jean quatre tours crénelées. A la suite de fortes pluies, le terrain glissa tout d’une pièce, comme à Naves, emportant arbres et maisons. Trois tours s’écroulèrent. La quatrième, restée debout avec ses mâchicoulis, appartient à Mme veuve Prioron. Quelques débris de la chapelle sont encore reconnaissables. On prétend avoir trouvé, en fouillant ces ruines, des squelettes humains d’une grandeur gigantesque.

Non loin du hameau de Trignan, on voyait, récemment dans une vieille maison au milieu d’une vaste salle, une antique et large cheminée très richement sculptée. Elle a été vendue un millier de francs à un brocanteur de Montélimar ; les connaisseurs disent qu’on ne pourrait pas aujourd’hui construire la pareille à un prix trente fois plus élevé.


Le Mémoire du marquis de Bernis (écrit en 1773) contient un curieux récit des phénomènes cataleptiques de Marie Olivonne que nous avons vue mentionnée plus haut dans une lettre du P. Chysostôme et dont on parle encore dans le peuple sous le nom de sœur Olivonne ou la sainte de St-Marcel.

« Cette fille, depuis son enfance (elle avait alors 52 ans), ne s’est presque nourrie que de fruits verts ; toute autre nourriture lui causait des vomissements. Le premier accident de sa maladie arriva lorsqu’elle eut atteint l’âge de 17 ans par la suppression du flux périodique auquel son sexe est sujet, lequel n’a point reparu depuis. Ce fut aux environs du mois de mars. On la traita comme pour une attaque d’apoplexie ; la saignée, l’émétique, les vésicatoires furent employés inutilement. La léthargie dura dix ou douze jours et l’on croyait la voir expirer au moment où elle se réveilla, mais dans une faiblesse qui ne lui permit pas de se lever de plusieurs jours. L’année suivante et dans le même temps, cette fille ne tomba pas dans la même léthargie, mais elle fut dans de continuels vomissements pendant une quinzaine de jours. La convalescence fut comme l’année précédente. La troisième année, sa maladie devint fixe et périodique, et vers les 6 heures du matin du premier jour de mars, elle fut dans la léthargie la plus profonde jusque vers les 2 heures du matin du 19 du même mois, n’ayant qu’un mouvement convulsif dans les paupières supérieures et le pouls élevé et tendu jusqu’au seizième jour de sa maladie où il commença à s’affaiblir jusqu’à son réveil qui fut annoncé la veille par un éternuement. Depuis cette époque, il n’y a eu aucune variation dans cette maladie dont le paroxisme arrive toujours le 1er mars à la même heure et finit le 19 à 2 heures du matin, même les années bissextiles, sans que la malade puisse prendre aucune subsistance pendant sa durée, ayant les dents si serrées qu’il faudrait les briser pour les séparer ; aussi n’a-t-elle aucune espèce d’évacuation durant tout ce temps ; tous ses membres sont en contraction et si raidis qu’on les prendrait pour des ressorts. On entend souvent un bruit dans son gosier comme s’il y tombait de l’eau, et il s’encroûte au point qu’elle est longtemps après son réveil sans pouvoir avaler que de l’eau chaude jusqu’à ce qu’elle ait craché cette croûte qui se détache par petits morceaux. Sa façon de vivre est toujours la même, saintement pour le spirituel et sobrement pour la nourriture qui ne consiste qu’en quelques fruits verts sans mélange de pain ni de bouillon. Les premières quinze années de sa singulière maladie, peu de personnes y ont fait attention. Ensuite elle a produit des enthousiastes qui, n’en pouvant démêler la cause, y attachent du merveilleux et de la sainteté jusqu’à attribuer plusieurs miracles à cette fille que de pareils discours humilient autant que sa maladie l’afflige. Les esprits prétendus forts veulent, au contraire, que ce ne soit que fourberie et imposture. Il en est même qui ont poussé l’inhumanité jusqu’à enfoncer de longues épingles dans les jambes de cette malheureuse fille qui ne s’en est aperçue qu’après son réveil et lorsqu’elle a voulu marcher. D’autres lui ont allumé du soufre sous le nez, ce qui était capable de suffoquer la personne la mieux portante. A la fin, on s’est lassé de ces cruelles inquisitions par le peu de succès qu’elles ont eu. Ceux qui ne sont ni crédules ni pirroniens ne peuvent s’empêcher de s’étonner de la régularité des périodes de cette maladie depuis plus de trente ans et surtout de ce que l’année bissextile elle arrive un jour plus tard, ce qui la fait correspondre avec le nouveau calendrier. Tous ces faits sont attestés par M. le marquis de Pierre de Bernis, par le prieur curé de St-Marcel, par le juge et par les consuls du lieu. »

La sœur Olivonne est morte le 6 ventôse an III, par conséquent en 1795, à l’âge de 82 ans selon la tradition, et de 74 seulement d’après les indications du Mémoire du marquis de Bernis. Nous avons vu son portrait dans le cabinet de notre ami et ancien condisciple, le docteur Gilles, qui, à une grande expérience médicale joint une connaissance rare de tout ce qui dans le pays peut intéresser un savant ou un touriste. Le docteur Gilles est l’auteur d’un opuscule sur les eaux de St-Mélany.


St-Marcel est la commune de l’Ardèche qui produit le plus de blé. On trouve des truffes dans ses bois de chênes et la recherche n’en étant pas affermée comme au Bourg, elles appartiennent aux plus lestes et aux plus fins. Les femmes vont les vendre au Pont-St-Esprit et au Bourg, depuis 2 fr. 50 jusqu’à 5 fr. la livre, selon les temps et les qualités.

Le miel est aussi fort bon à St-Marcel. On voit des ruches jusque sur les maisons du village. Les murs bâtis ad hoc sans doute, sont creux dans les plus hauts étages et les abeilles y prospèrent fort bien. Elles vont, en volant par dessus les toits, chercher leur butin à la campagne et retrouvent fort bien le chemin du logis. S’il y a caquets en bas dans la rue, il y a aussi caquets là haut dans les airs. On nous raconta l’histoire d’un brave homme, nouvellement arrivé dans l’endroit, qui faisait du vin blanc chez lui, et qui fut mis en fuite par des légions d’abeilles, lesquelles, attirées par l’odeur, envahirent soudainement la maison et le jardin. On n’y voyait plus, on ne s’entendait plus. Jamais le pauvre étranger n’avait été dans une bagarre pareille. Il se sauva ; il n’y avait pas autre chose à faire. Il fut, du reste, cruellement vengé par l’intempérance des insectes agresseurs, car, en le volant, ils s’enivrèrent et se noyèrent. Il en périt plusieurs essaims. Quand le propriétaire appelé au plus vite vit ces monceaux de cadavres, il ne put retenir ses larmes.

– Mes abeilles ! disait-il, mes pauvres abeilles !

– Mon vin perdu ! disait l’autre.

– Ces pauvres bêtes, répétait le nouvel Aristée, ça n’a pas de bon sens !

– Décidément, continuait l’autre, il faudra fermer les fenêtres une autre fois quand je ferai du vin !


Nous avons trouvé dans de vieux registres de notaires quelques actes curieux concernant St-Marcel.

Au premier rang, nous citerons le testament d’un noble de l’endroit, appelé Claude Alinei, en date du 22 février 1424. Ce personnage donne au prieur, pour son lit funéraire et ses obsèques, deux livres tournois. Il veut que son corps soit porté en terre par quatre pauvres accompagnés de treize autres pauvres qui chanteront. Chacun de ces pauvres recevra une canne et demie (5) de drap brun pour un vêtement de deuil qu’il portera aux obsèques et à la neuvaine. Pendant toute l’année qui suivra le jour de son décès, on dira pour lui tous les jours la messe des morts, basse ou chantée, dans la chapelle de la Vierge, fondée par son père, noble Pierre Alinei. Il lègue à six prêtres désignés pour cette messe toute l’année, la somme de sept florins pour chacun. Les héritiers leur fourniront, en outre, pendant toute l’année le pain, le vin, le feu et la lumière. Il lègue deux florins aux clercs. Il lègue un gros d’argent à chaque luminaire de l’église paroissiale, deux gros à la quête du Bassin, deux setiers de blé à l’Aumône de la Charité. Il fait un legs annuel de trois saumées (6) de blé en pain cuit, lequel sera distribué le lundi de Pâques, dans la chapelle de la Vierge, aux pauvres de St-Marcel, et, s’il n’y a pas de pauvres, aux assistants. Pour cette distribution, toute rancune ou haine devra être mise absolument de côté et on donnera surtout aux infirmes et aux veuves de St-Marcel. Il insiste longuement pour assurer la perpétuité de cette aumône, afin qu’elle ne manque jamais au lieu et à l’heure indiqués, « aux pauvres du Christ ».

Alinei lègue une pension annuelle de vingt florins pour l’entretien de la chapelle de la Vierge et de son chapelain. Celui-ci devra y dire la messe chaque dimanche vers le lever du soleil, et auparavant il sonnera une petite cloche du clocher de St-Marcel. Il sera tenu de suivre les heures canoniques de l’église et de résider dans la localité. Faute de remplir ces conditions, il sera destitué et remplacé. Alinei lègue six vingt florins pour l’achat de vêtements sacerdotaux, à l’usage de la chapelle, sur lesquels on mettra ses armes devant et derrière. On achètera aussi sur cette somme un calice d’argent et un missel. Le testateur ne veut pas que l’évêque de Viviers ni aucune autre personne, ecclésiastique ou séculière, se mêle en rien de l’institution du chapelain ni de la collation de la chapellenie. Il proteste contre toute conversion de ce legs en d’autres œuvres, sous prétexte de corriger ou de mieux interprêter ses intentions. En cas de tentative pareille, il annule la fondation et veut qu’on emploie la pension de vingt florins en messes qui seront données aux Chartreux de Valbonne et à d’autres couvents d’ordres mendiants. Le chapelain sera choisi par ses héritiers agissant d’accord avec les consuls et recteurs de St-Marcel, en exceptant toutefois le consul nommé par l’évêque de Viviers, contre lequel décidément le testateur avait des griefs. Alinei nomme lui-même le premier chapelain, qui s’appelle Barthélemy Lablache.

Il lègue cinquante florins pour qu’on lui élève à lui-même, dans la chapelle de la Vierge, un monument funéraire où l’on mettra ses armes avec une figure de pierre représentant un homme armé.

Suivent divers legs à sa femme, Catherine de Mandagot, à laquelle il paraît faire une position convenable, « à la condition qu’elle vive dans le veuvage et honnêtement ». Il institue enfin sa mère, Annette de la Chanée, héritière de tous ses biens et droits à St-Marcel, St-Just, St-Remèze, Gras, le Bourg, etc., tandis qu’il donne à sa sœur Annisie, femme de noble Jean de Lussan, tous ses biens et droits à Ayguèze, Monclus, St-Romain et autres lieux du diocèse d’Uzès. Alinei entre dans d’assez longs détails sur les obligations imposées aux deux héritières et, dans le cas où ses volontés ne seraient pas remplies, il les déshérite l’une et l’autre et institue alors pour héritières… les âmes du purgatoire, voulant que pour leur salut tous ses biens soient pieusement distribués par ses exécuteurs testamentaires.

Ce Claude Alinei devait être fort riche pour son temps et, vu la multiplicité de ses legs charitables dont nous n’avons énuméré qu’une partie, nous aurions aimé à retrouver sa figure de pierre dans l’église de St-Marcel. Son testament donne dans tous les cas une idée des conflits que les legs pies, dont les testaments d’alors sont pleins, devaient nécessiter entre les héritiers et le pouvoir ecclésiastique, et c’est ainsi que les haines et rancunes amassées par des générations de testateurs inconscients ont certainement contribué aux insurrections morales et politiques dont la religion et le clergé ont été périodiquement l’objet.

Un autre acte de notaire, en date du 1er novembre 1483, nous montre tous les prêtres et clercs de St-Marcel dînant dans la maison de noble Antoine d’Ancézune, aux frais de son frère, messire Rostaing d’Ancézune, protonotaire du pape et prieur de St-Marcel. Les convives constatent, à cette occasion, leur droit, bel et bien écrit sur parchemin, de manger et vivre aux dépens du prieur aux fêtes ci-après : Noël et les deux jours suivants, la Circoncision, l’Epiphanie, la St-Vincent, la Purification, l’Annonciation, les Rameaux, Pâques et les deux jours suivants, l’Ascension, la Pentecôte et les deux jours suivants, la Fête-Dieu, l’Assomption, la St-Marcel et la Toussaint. Les convives invitent messire Jean Pêcheur (Piscator) vicaire et procureur du prieur absent, à les maintenir dans leur droit et à leur donner satisfaction de bien en mieux. Messire Pêcheur répond, au nom du prieur, qu’il a sensiblement accru les dettes de ce dernier afin de bien recevoir ses hôtes et qu’il continuera à faire de son mieux dans la limite des ressources du prieuré. Les convives requièrent le notaire de dresser acte de ces déclarations.

Signalons enfin un autre acte consacré aux questions de dépaissance lesquelles sont ainsi réglées, le 16 mai 1457, par tous les chefs de famille de St-Marcel, réunis dans la maison claustrale, en présence des consuls et représentants des seigneurs :

1° Tous les porcs doivent être conduits tous les jours à la porcherie commune, sous peine de cinq sols d’amende ;

2° Les chèvres ne pourront être gardées que dans un quartier déterminé, dont quatre habitants de la localité sont chargés de fixer les limites. – Les contrevenants payeront cinq sols d’amende au fisc du seigneur, et de plus, une livre de cire au luminaire de l’église ;

3° Le quartier de Broussas et l’île de Bosedilat sont réservés comme devois pour une durée de huit ans aux bêtes de travail des habitants de St-Marcel, et à ces bêtes là seulement, sous peine, pour les contrevenants, d’une amende de cinq sols et d’une livre de cire pour le luminaire de l’église.

Une transaction du même genre était passée le 18 avril 1624 par les habitants de Gravières et l’acte reçu Mourgues, notaire, mentionne deux précédentes transactions du même genre, l’une du 24 février 1593 et l’autre du 25 mars 1570.

Nous avons ouï dire qu’un essai de fabrique de faïence avait eu lieu à St-Marcel quelques années avant la Révolution. Dans tous les cas, les gisements d’argile sont fort considérables dans cette région, sur la berge du Rhône, et les tuileries y abondent, principalement au quartier des Eustaches (lis Estassi), ainsi nommé du propriétaire d’un moulin sur le Rhône, qui a été fort célèbre mais qui, je crois, n’existe plus.

Sous la Révolution, les fortes têtes débaptisèrent St-Marcel pour l’appeler la Raison. Les officiers municipaux ne se contentaient pas de la formule d’usage : la République une et indivisible ; ils y avaient ajouté : et impérissable. Si je ne craignais de dire encore une vérité de M. de la Palisse, je ferais observer qu’il n’y a qu’une seule chose impérissable dans l’espèce humaine, c’est sa bêtise.

  1. Collection du Languedoc, t. 26.
  2. Columbi, page 114.
  3. Voyage dans le Midi de l’Ardèche, p. 278.
  4. Mémoires et lettres du cardinal de Bernis, t. 1, p. 343.
  5. La canne représentait 1m87.
  6. La saumée valait 180 litres.