Voyage … le long de la rivière d’Ardèche

Docteur Francus

- Albin Mazon -

XI

Le plateau de St-Remèze

Les dolmens de Champvermeil. – Le banc des fiancés. – Une bulle de l’Océan. – Argile, fontaine et village. – La plus ancienne histoire de St-Remèze. – Registres de baptême dans les églises. – Le manuscrit de Martin Charmasson. – Démêlés des habitants avec les anciens seigneurs à propos des bois et landes. – Les anciennes justices seigneuriales. – L’exploitation des bois. – Une description de l’ancien temps. – Le costume. – Le mobilier. – Les cabarets. – Mœurs et usages à St-Remèze… et ailleurs. – Les Chouans. – La vie d’une commune de l’Ardèche sous la Révolution et sous l’Empire.

La montée de St-Remèze, quand on la gravit par une chaude journée d’été, rappelle le vers de La Fontaine :

Par un chemin montant, sablonneux, malaisé…

Il n’y manquait, pensez-vous, que la mouche du coche. Quelle est votre erreur ! Entendons-nous cependant : si ce qu’on appelle la mouche du coche manquait à notre modeste caravane, composée de Barbe et moi, notre conducteur et ses deux chevaux – cette mouche-là étant fort occupée en ce moment dans tous les grands et petits centres politiques – les mouches, en revanche, les vraies mouches, celles qui sucent si bien le sang des hommes et des animaux, manquaient moins que jamais, et nos deux chevaux en proclamaient assez l’existence par des ruades, des coups de tête et le mouvement perpétuel de leurs queues.

A mi-chemin de St-Remèze, et à la limite même des deux communes de Bidon et St-Marcel, on trouve à gauche, sur le bord de la route, un magnifique dolmen qui peut abriter en temps de pluie une dizaine de personnes. Il était entouré autrefois d’une enceinte de pierres dont il ne reste plus aucune trace. Un autre de ces monuments se voit un peu plus loin, au milieu du plateau de Champvermeil, un peu avant d’arriver à Bidon. Il existe dans cette région beaucoup d’autres dolmens, que les paysans désignent sous le nom de Jaiandos ou Peiros de los fados (tombeaux de géants ou pierres des fées), mais nous n’avions pas le temps d’aller à leur recherche. Ce vaste plateau de Champvermeil, un des plus anciennement habités du Vivarais, est d’une poésie sauvage dont rien n’approche, avec l’éblouissante splendeur de ses calcaires marmoréens, tachés de vert par les chênes et les genévriers, avec les fortes senteurs de toutes les plantes qui sortent des fissures rocheuses, avec les profondeurs insondables de ses avins et l’attrait mystérieux de ses monuments mégalithiques.

Aussi la légende s’en est-elle donnée à cœur joie sur les mystères de ce vieux sol. Il paraît que nous avons passé, sans le voir, à côté d’un banc des fiancés qui, s’il n’est pas favorable aux bons ménages, a du moins le don d’inspirer les poètes. Voici une pièce du crû où les souvenirs de Velléda, de la fée Helvia et de Champvermeil s’entremêlent dans une vague et poétique conception qui a comme une odeur de lavande et de bruyère dans un paysage celtique :

Pâtres et chasseurs, prenez garde,
Après le coucher du soleil,
Que personne ne vous retarde
Dans la plaine de Champvermeil.

Le long du chemin solitaire,
Avez-vous vu la grande pierre
Qui se dresse dans le désert ?
C’est là qu’une femme en guenille,
Au front chauve, à l’œil qui scintille,
Vient s’abriter, les nuits d’hiver.

C’est là qu’elle gémit et pleure :
Le jour, nul ne sait sa demeure ;
On dit qu’elle court dans les bois.
Un dimanche, dans le village,
On célébrait un mariage,
Fifre et tambours mêlaient leurs voix.

Et voilà que la farandole
Dans la plaine bondit et vole,
Des époux chantant la chanson.
Folle gaieté ! Folle jeunesse !
Bientôt va venir la tristesse,
Car le jour baisse à l’horizon.

Dès que la ronde nuptiale
Effleura la pierre fatale,
La vieille apparut : chacun fuit ;
Mais la fiancée, étrangère,
Ignorante d’un tel mystère,
Des sanglots écouta le bruit.

En vain son jeune époux l’entraîne ;
La jeune fille a l’âme en peine ;
Hélas ! que va-t-il advenir ?
D’abord le cri plaintif s’arrête ;
Puis, elle entend une musette,
Et voit la vieille rajeunir.

« Que cette femme est grande et belle !
Dit-elle à son amant fidèle,
« Restons, admirons ses yeux bleus ;
« Vois ces bracelets de coquille,
« A sa ceinture une faucille,
« La fleur du gui dans ses cheveux !

La fée Helvia souriante
Montre une fleur : « Voici la plante
« Qui fait naître les beaux enfants.
« La plaine en est toute vermeille ;
« Il faut, pour cueillir la pareille,
« La voir tous deux en même temps. »

Depuis lors dans la vaste plaine
Toujours marche, toujours promène
Le couple des deux fiancés.
Nuit et jour ensemble ils gémissent
Sans que sur même fleur s’unissent
Leurs regards constamment baissés.

Le jeune homme une fois l’année
Mène sa femme infortunée
Se reposer dans le vallon.
Quand le malheur trouble un ménage
« Ces gens ont signé mariage
« Au banc des fiancés, dit-on.

Pâtres et chasseurs, prenez garde,
Après le coucher du soleil,
Que personne ne vous retarde
Dans la plaine de Champvermeil.


Le temps qui menaçait de se gâter nous ramena du domaine de la légende dans celui d’une pluvieuse réalité. Nous eûmes à essuyer dans cette seule après-midi trois orages distincts. L’un d’eux fut particulièrement intéressant, en ce que nous pûmes assister à sa naissance et à ses progrès jusqu’au moment où il nous obligea de nous réfugier précipitamment dans un cabaret de Bidon. Nous étions au milieu du plateau de Champvermeil. Le panorama à l’ouest s’étendait à perte de vue vers les montagnes de l’Auvergne. Un point noir, gros comme un œuf, se dessina dans le bleu de l’extrême horizon. Il grossit assez rapidement, comme un mouton, comme un bœuf, puis s’allongea comme un serpent énorme, aux renflements bizarres. Nous le regardions avec plus de curiosité que d’inquiétude, vu le peu d’espace qu’il occupait dans l’immensité du ciel. Il semblait que le soleil lui sourit béatement. Le cocher fouetta ses chevaux. Nous aurons, dit-il, de la peine à éviter ce grain. En effet, en moins d’une demi-heure, la tempête qui avait débuté par une tache d’encre avait recouvert tout le plateau central de la France et roulait dans le ciel comme un fleuve débordé, menaçant toute la vallée du Rhône de ses vapeurs et de ses roulements sinistres. Avez-vous vu quelquefois les enfants souffler, avec un tuyau de paille, dans un verre rempli d’eau savonneuse ? De petites bulles s’en échappent et s’élèvent dans l’air en grossissant jusqu’à ce qu’elles crèvent. Le soleil se livre à un jeu du même genre dans nos océans qui sont ses verres d’eau. C’est une de ces bulles que nous venions de voir, projetée de l’Atlantique par dessus le plateau central de la France, pour venir éclater sur le Vivarais et le Dauphiné. Voilà ce qu’il est difficile de voir au fond des vallées. Il faut habiter les lieux élevés pour comprendre et admirer les orages.

Nous arrivâmes à St-Remèze qui est au milieu de la chaîne des Gras, entre Vallon et le Bourg-St-Andéol. Ce village doit son existence à une couche argileuse, qui provient, soit des dépôts diluviens connus sous le nom de lehm (lima en allemand) ou subapennin, soit peut-être tout simplement de la décomposition des roches locales au fond d’un vaste cros que recouvrent aujourd’hui les maisons. Quoi qu’il en soit, cette couche a rendu l’endroit habitable en établissant une barrière impénétrable entre le sol cultivable supérieur et les crevasses de la roche calcaire inférieure. Grâce à elle, on trouve partout autour du village l’eau à une profondeur de trois à quinze mètres, tandis que les sources sont fort rares dans les landes et les bois environnants où les eaux s’engloutissent dans les avins formant de grands réservoirs souterrains qui alimentent les sources du lit de l’Ardèche.

C’est donc autour des fontaines de St-Remèze que se forma le premier campement celte ou gaulois. D’autres tribus s’établirent auprès des sources de Briange, du Sauze, de Patrou et autres, ce qui a été reconnu par des vestiges d’anciennes habitations et par des tombeaux dans lesquels on a trouvé, parmi les ossements, des armes et des poteries en usage chez les anciens peuples. Quand le christianisme s’établit dans la contrée, les habitants de St-Remèze se mirent sous la protection de St-Remi. On suppose que la première église fut détruite de 722 à 724 par les Sarrasins qui ne laissèrent pas un édifice religieux debout dans la vallée du Rhône depuis Arles jusqu’à Lyon. La tradition porte que les habitants se réfugièrent dans les bois et notamment dans la grotte de St-Nicolas, où l’on voit des vestiges de maçonnerie et des bassins creusés dans le roc pour recevoir l’eau qui distille des rochers. C’est à cette même époque que se rapporteraient (d’après le manuscrit de Charmasson dont nous parlerons plus loin) la destruction de l’église St-Martin du pont d’Arc et celle de « l’ermitage appelé le couvent de la Madeleine », qu’on croit être une ancienne maladrerie des Templiers.

La seconde église de St-Remèze, bâtie après l’expulsion des Sarrasins, était fort simple. Elle fut reconstruite de 1842 à 1848. Elle coûta quarante-huit mille francs. La construction du clocher est postérieure.


On peut voir à la mairie de St-Remèze :

1° Les registres des délibérations du conseil ;

2° Trois cadastres (1570, 1636 et 1726) et le cadastre parcellaire fait en 1830 ;

3° Les registres de l’état-civil depuis 1667.

En 1528, une décision du synode du diocèse de Séez enjoignit aux curés de tenir des registres de naissances, mariages et décès qui devaient être portés au bout de chaque année au greffe du bailliage royal. En 1667, une autre ordonnance disposa qu’il serait tenu deux registres de l’état-civil, dont un devait rester au curé, et l’autre devait aller au bailliage. Les registres de 1539 à 1667 doivent donc se trouver (ceux de St-Remèze comme ceux de beaucoup d’autres communes du Vivarais) au greffe du tribunal de Privas, où furent transportés tous les registres de Villeneuve-de-Berg après la suppression du bailliage royal.

Le manoir de St-Remèze ne fut jamais un château fort, mais une simple maison seigneuriale rarement habitée par les seigneurs. Elle fut agrandie et embellie de 1720 à 1730 par M. de Rochepierre.

Une partie des renseignements qui précèdent sont empruntés à un manuscrit intéressant qu’a bien voulu nous communiquer M. Charmasson, maire de St-Remèze, et que nous avons déjà mentionné plus haut. Ce manuscrit, œuvre d’un de ses parents, feu Martin Charmasson, expert et secrétaire de la commune pendant de longues années, prouve chez son auteur beaucoup de bon sens, d’observation et une érudition locale fort rare malheureusement dans nos campagnes. Il contient les tableaux généalogiques de toutes les familles de St-Remèze, l’histoire de la commune, le tableau des anciens mœurs et usages, etc. Nous allons lui faire d’assez larges emprunts qui, à coup sûr, seront lus avec intérêt.


La vieille histoire de St-Remèze n’est qu’une suite de démêlés entre les habitants et leurs seigneurs au sujet de la propriété ou de l’usage des bois et landes. On sait qu’au temps des croisades, beaucoup de seigneurs, pour se procurer de l’argent, vendirent leurs domaines à des particuliers ou à des communautés. C’est là, dit Charmasson (qui peut-être a vu d’autres documents que ceux qu’on nous a signalés) ce que fit notamment Mme Vierne de Baladun à la ville du Bourg et à la communauté de St-Marcel en 1228.

Nul doute, ajoute-t-il, que les bois et landes de la commune de St-Remèze n’aient la même origine ; mais, en l’absence de titres qu’on n’avait pas su conserver ou qui avaient été enlevés, plusieurs des anciens seigneurs, qui se sont succédé dans le comté de St-Remèze, ont prétendu à la propriété de ces terrains et ne voulaient reconnaître aux habitants que de simples droits d’usage. Ils leur suscitaient des tracasseries et des procès pour les contraindre à reconnaître leurs prétentions. Ne pouvant y parvenir, ils les amenaient à des transactions dans lesquelles, tout en laissant la plus grande part à leurs vassaux, ils avaient soin de se qualifier du titre de propriétaires.

Au XVe siècle, la seigneurie de St-Remèze appartenait à M. de Chateauneuf. Ce seigneur revendiqua la propriété des bois et landes de la commune désignés sous le nom de Devois de Malbos, Devois du Serre et Devois du Bouchas, et contraria tellement les habitants dans leur possession qu’il les força de traiter avec lui et, par une transaction du 20 décembre 1455, se fit reconnaître propriétaire de tous ces Devois en reconnaissant lui-même aux habitants des droits d’usage qui leur valaient plus que celui de la propriété.

En 1434, Amien de Barjac, seigneur de St-Remèze, tua, dans une de ces guerres de seigneur à seigneur qui étaient si fréquentes autrefois, Pierre de Moreton de Chabrillan, un des ex-seigneurs de Pierrelatte. Il y eut du reste, d’assez nombreuses victimes des deux côtés. Le roi chargea Philippe de Lévis, seigneur de Lavoulte et de Rochemaure, d’instruire cette affaire avec le sénéchal de Beaucaire. Amien de Barjac fit sa soumission et traita avec la famille de sa victime. Il fut obligé de faire accompagner à Pierrelatte, par soixante prêtres, les restes de Pierre et de fonder deux messes par semaine dans la chapelle où ils seraient inhumés (1).

Au XVIIe siècle, la seigneurie de St-Remèze avait passé à la maison du Roure qui, pour obliger les habitants à reconnaître ses droits sur les biens mentionnés dans la transaction de 1455, fit saisir les troupeaux de quelques habitants et leur fit un procès. Il en résulta une nouvelle transaction, en date du 29 août 1639, par laquelle le comte du Roure fut reconnu vrai propriétaire du bois de Malbos, avec faculté pour les habitants de St-Remèze d’y prendre du bois et des buis pour la construction et l’entretien des maisons, ainsi que pour leur chauffage. Le devois du Serre fut reconnu la propriété des habitants de St-Remèze. Quant au devois du Bouchas, la propriété leur en fut transportée, moyennant une somme une fois payée de trois mille trois cents livres.

Le comte de Rochepierre, qui succéda au comte du Roure dans la seigneurie de St-Remèze, laissa dans la mémoire des habitants les meilleurs souvenirs. Il ne tracassa personne et vécut dans une entente parfaite avec ses vassaux. Il n’en fut pas de même de son successeur, le comte de Rochemore, qui contesta aux habitants les droits d’usage sur le bois de Malbos, résultant de la transaction de 1639. Il s’en suivit un procès qui dura de 1760 à 1788 et qui fut compliqué par les prétentions de la maîtrise des eaux et forêts établie en 1669. Des délinquants, arrêtés par les gardes de la maréchaussée, furent conduits, la chaîne au cou, à Villeneuve-de-Berg. Le procès se poursuivit plus de vingt ans sans que le pot de fer brisât le pot de terre. Charmasson fait observer qu’il fallait chez les conseillers de la cour une intégrité à toute épreuve pour résister aux sollicitations d’un personnage aussi puissant que le comte de Rochemore. Celui-ci ne pouvant l’emporter, parvint du moins à faire traîner l’affaire afin de lasser et ruiner ses adversaires.

Plus tard, ce seigneur, qui était en même temps seigneur du Grand Galargue, fit donation de la seigneurie de St-Remèze à son neveu, le marquis de St-Remèze. Celui-ci se montra plus accommodant que son oncle et les deux parties finirent par s’entendre sur les termes d’une convention qui fut signée le 27 décembre 1788. L’abolition des droits féodaux, survenue l’année suivante, suspendit naturellement l’exécution de la nouvelle convention et naturellement aussi les habitants de St-Remèze se considérèrent de plus en plus comme vrais et absolus propriétaires du bois de Malbos. Le marquis de Rochemore émigra, mais, à son retour, il revendiqua, avec la propriété de ce bois, le tiers du prix de toutes les coupes (qui lui était reconnu par la convention de 1788). Il gagna son procès à Privas. La cause était encore pendante devant la cour de Nimes, quand les habitants de St-Remèze, pour se soustraire aux rigueurs de la nouvelle administration des eaux et forêts, imaginèrent d’acheter ses droits à M. de Rochemore. Celui-ci, découragé par la révolution de 1830, les leur céda, en 1834, au prix de vingt-cinq mille francs. Les habitants obtinrent le cantonnement de leurs droits sur la forêt de Malbos. Une moitié environ leur fut attribuée et divisée entre les habitants. Le même partage eut lieu peu après pour une partie des landes-buissières.


Avant 1788, la commune de St-Remèze était le siège de la justice seigneuriale du seigneur qui comprenait dans son ressort les communes de Bidon, St-Martin-d’Ardèche, Ayguèze et autres de la rive droite de l’Ardèche, dépendant de la même seigneurie. Le seigneur ne rendait pas lui-même la justice ; il avait son juge, un lieutenant de juge et un greffier qu’il choisissait parmi les hommes de sa seigneurie, mais presque toujours du Bourg-St-Andéol, ne pouvant en trouver de capables dans les villages. L’audience était tenue dans le château le mercredi de chaque semaine ; elle attirait beaucoup de monde à St-Remèze. Il n’y avait pas de gendarmerie près les justices seigneuriales. Les cavaliers de la maréchausée ne résidaient que près les tribunaux criminels comme Villeneuve-de-Berg. Ils n’étaient pas aussi nombreux que le sont maintenant les gendarmes. La police manquait de force et d’activité. Aussi les voleurs abondaient-ils dans les campagnes et les assassins sur les grands chemins. Dans la nouvelle division de la France, les justices de paix ont remplacé les justices seigneuriales, les tribunaux de première instance les justices de bailliage et de sénéchaussée, et les cours d’appel les cours souveraines des parlements. La cour de cassation a été créée en plus pour maintenir l’unité de jurisprudence à suivre par tous les tribunaux de France.

« Dans ces temps anciens qu’on a appelés despotiques, ajoute Charmasson, les autorités communales avaient plus de latitude dans l’exercice de leurs pouvoirs qu’elles n’en ont aujourd’hui sous un gouvernement qualifié de libéral. La perception des tailles était donnée chaque année en adjudication au rabais, à celui qui offrait de les lever au plus bas taux pour ses remises. La commune confectionnait son rôle sur le mandement reçu de l’intendant de la province, sur lequel on portait toutes les sommes nécessaires pour les dépenses locales, dont l’emploi était facultatif et n’était pas soumis à passer par la filière des formalités actuelles. »


Toute médaille a son revers. La possession des anciens bois n’avait pas que des avantages pour les habitants de St-Remèze. Charmasson, après avoir rappelé les tracasseries que ces bois leur valurent de la part des anciens seigneurs et de l’administration des forêts, ajoute :

« Ces bois ont été également une cause de fainéantise, d’ivrognerie et quelquefois de ruine pour ceux qui négligeaient la culture de leurs terres par leur assiduité à couper du bois dont le prix de vente ne profitait qu’aux cabaretiers. Ces anciennes facultés avaient tellement attaché la plupart des habitants de St-Remèze à leurs bois qu’il a été bien difficile de les en priver. Il a fallu toute la sévérité des agents de l’administration des forêts et toute la rigueur du tribunal dans ses condamnations pour les corriger de ce penchant. »

Voici comment se faisait l’exploitation de ces bois : On coupait les plants ras de la souche, on émondait le plant pour en faire des bûches, et les branches et rameaux étaient laissés sur place. Les bûches étaient transportées sur les rochers qui bordent la rivière d’Ardèche, jetées en bas sur le rivage où les habitants de St-Martin-d’Ardèche les recevaient dans des bateaux pour les porter à Avignon. Le nouveau mode consiste à écuisser le bois de manière que chaque plant emporte une partie de la souche qui se trouvant endommagée, ne repousse qu’avec peine ; les bûches sont charbonnées dans la forêt et les débris sont liés en fagots que l’on vend au cent sur place pour la consommation des fours.

Charmasson constate qu’il y a trois siècles l’étendue des terres cultivées à St-Remèze était double de ce qu’elle était au siècle dernier, bien que la population fût moitié moindre. Il cite les quartiers alors cultivés et qui avaient cessé de l’être, mais dont l’augmentation de la population a amené la remise en culture. A St-Remèze, tous les habitants possèdent plus ou moins de terre et tous sont laborieux. Ceux qui sont en même temps économes arrivent à l’aisance. Charmasson appuie sur la nécessité du travail et de l’économie. Les cultures principales sont le blé et l’avoine. Ordinairement, on met la première année du blé, la seconde de l’avoine, la troisième du blé, et la quatrième des légumes, fourrages, pommes de terre, etc. Et on recommence. Charmasson pense que cet assolement de quatre années pourrait être changé avantageusement en deux années consécutives de blé et deux de sainfoin mêlé de trèfle.

Charmasson décrit ainsi les costumes et les mobiliers d’autrefois dans son village :

Hommes et femmes portaient des chapeaux à larges bords. Ceux des nobles et bourgeois étaient relevés de trois côtés et formaient trois cornes. Ceux du peuple étaient relevés de un ou de deux côtés seulement. Les hommes portaient une culotte courte appelée brayo et une espèce de guêtres appelées boulouvart. Les garçons avaient une tunique ouverte ou boutonnée sur la poitrine appelée saiou, de la saye des Gaulois. Celle des filles s’élargissait depuis les reins jusqu’en bas. En été, les enfants étaient en chemise. Les hommes ne portaient qu’une camisole sans manches, les femmes qu’un corset, et les uns et les autres assistaient en cet état et les jambes nues aux offices du dimanche. Pour se faire une idée de nos ancêtres, il y a deux ou trois cents ans, dit notre chroniqueur, il n’y a qu’à voir les ramoneurs savoyards.

L’habitation était analogue au costume. Une cuisine, rarement accompagnée d’une petite chambre, formait toute l’habitation de la famille, quelque nombreuse qu’elle fût. Les filles couchaient sur le plancher et les garçons dans le grenier à paille. Le mobilier consistait en un ou deux lits composés d’une paillasse posée sur des planches supportées par des bancs, des coffres en chêne ou sapin servant d’armoires, le pétrin servant de table à manger, des bancs servant de chaises, un seau, un chaudron, une marmite en cuivre, une poële à frire, quelques pots, plats et assiettes. Plus tard, quelques familles eurent des chalits ou bois de lit, des armoires en noyer ou en sapin, et quelques chaises. Les plus riches eurent de la vaisselle en étain que l’on étalait à l’endroit le plus apparent de la maison et dont on ne se servait que pour les festins. La cheminée, très large, était ornée de deux grands chenets ou landiers.

Il y a cent ans, la faïence et le verre n’étaient pas connus dans les villages. Dans les cabarets, on servait le vin dans des pots en terre grossière appelés bichiés et on le buvait dans des tasses d’étain appelées gandolos. Les premiers verres à boire furent des verres à pied. Il n’y a pas encore cinquante ans que, dans les cabarets de village, on ne servait jamais que deux verres, quel que fût le nombre des buveurs à la même table ; chacun y buvait à son tour, et n’eût été l’usage de trinquer, on n’aurait donné qu’un seul verre à chaque société.

Les maisons des bourgeois n’étaient guère moins étroites et enfumées que celles des paysans. Charmasson cite celles de l’avocat, du notaire et du chirurgien, qui ne se composaient que d’une cuisine et d’une chambre à coucher. Au siècle dernier, le goût et le luxe firent quelques progrès, mais ce n’est qu’au commencement de ce siècle qu’une véritable transformation commença à s’opérer. On construisit des maisons plus grandes et plus commodes hors de l’enceinte du bourg ; on perça des fenêtres, on pava la cuisine, on blanchit les murs à la chaux et on fit usage de vitres, chose qu’on n’avait encore vue qu’à l’église et au château.

Bacchus et grand ! Les notaires, les médecins et les bourgeois tenaient journellement les cabarets et se grisaient comme la basse classe. « De bons propriétaires buvaient leurs revenus dans ces maisons ignobles (les cabarets), et d’autres y mangeaient leurs terres pendant que leurs enfants manquaient de pain. »

Charmasson nous décrit les mœurs d’autrefois d’une façon souvent naïve, mais toujours intéressante. « Les anciens habitants de St-Remèze étaient religieux et très exacts à remplir leurs devoirs de bons chrétiens. Mais ils aimaient passionnément les plaisirs et les divertissements bruyants. Les cabarets retentissaient de leurs chants pendant le jour et de leurs tapages pendant la nuit. Ces maisons étaient souvent le théâtre de disputes et de rixes, lesquelles d’ailleurs étaient rarement sanglantes et jamais meurtrières. Les jeunes gens dansaient tous les dimanches de l’année, à l’exception du temps de carême, sous un ormeau colossal qui ombrageait une bonne partie de l’esplanade, au son du fifre ou du tambour. Les garçons faisaient entendre des chansons d’amour tendre qu’on appelait réveillés, pendant la nuit, sous les fenêtres des maisons qui avaient des filles. La jeunesse, plus amoureuse que celle de notre époque, avait beaucoup plus de fréquentation entre les deux sexes ; chaque garçon avait sa maîtresse et chaque fille son amant ; mais cet amour était plus innocent et plus pur ; les amants se respectaient davantage ; leur amour ressemblait à de l’amitié et, après s’être fréquentés dix et quelquefois vingt ans, les amants se séparaient par l’âge, pour rester dans le célibat, sans avoir jamais donné le moindre scandale. Un grand nombre de garçons et de filles ne se mariaient pas et il n’y avait pas de famille un peu nombreuse où il n’y eût des oncles et des tantes.

« C’était principalement au temps du carnaval en janvier et février, auquel les travaux sont moins pressants et quelquefois suspendus par le mauvais temps, que les cabarets se garnissaient de buveurs après l’heure du dîner jusqu’au soir. Dans les derniers jours surtout, après avoir vidé quelques pots de vin, la joie était peinte sur tous les visages et la gaieté éclatait dans tous les cœurs. Alors que les têtes étaient échauffées, on sortait en farandoles, auxquelles se mêlaient des mascarades grotesques ; on parcourait toutes les rues en chantant, dansant, folâtrant et amusant les vieillards, les femmes et les enfants qui partageaient la joie publique.

« A une autre époque de l’année arrivait la fête votive, après avoir occupé et rempli d’illusions la tête et l’esprit des jeunes gens plus d’un mois, pour avoir des habillements neufs et à la mode, alors moins changeants, et pour avoir l’honneur de danser la première bourrée qui consistait à ouvrir le premier bal de la fête, privilège flatteur pour les jeunes filles et qui faisait beaucoup de jalousie entr’elles. Un violon formait toute la musique. On ne dansait que des rigaudons et des branles ; on ne connaissait pas les contre-danses que l’on ne danse que depuis cinquante ans. A ces divertissements publics, les hommes et les femmes prenaient part comme les jeunes gens et chacun nageait dans la joie et le plaisir pendant trois jours. Dans ce bon vieux temps où l’amitié dominait tous les cœurs, la fête votive était la grande et solennelle occasion de la visite des parents et des amis qui s’y rendaient de fort loin et formaient un grand concours. Dans chaque famille on se préparait à les recevoir par des provisions et c’était bombance dans toutes les maisons et les cabarets pendant les trois jours de la fête.

« Ces hommes d’autrefois, dans leurs mœurs simples et patriarcales, que nous trouvons maintenant ridicules, avaient des qualités que notre amour-propre n’apprécie pas assez. S’ils étaient plus grossiers, plus ignorants et plus superstitieux, ils avaient plus de bonne foi dans leurs relations sociales ; ils étaient moins indifférents sur les pratiques de leur religion. S’ils étaient d’un caractère plus dur, plus irritable et quelquefois plus rancuneux, ils avaient le cœur plus sensible pour le malheur ; ils étaient plus officieux, plus charitables ; ils étaient surtout moins égoïstes et moins orgueilleux. C’est principalement sous le rapport de l’amitié qu’ils méritent nos éloges. La parenté ne s’oubliait pas chez eux, même au dixième degré ; ils se fêtaient dans toutes les occasions qu’ils avaient de se revoir ; ils se visitaient souvent pour entretenir leur amitié et se régalaient avec une effusion de cœur qu’on ne saurait décrire et qui était pour eux le comble du bonheur. Ils étaient plus heureux dans leur simplicité que nous ne serons jamais dans notre suffisance et dans notre égoïsme qui nous isolent, même de nos plus proches parents, si la fortune ne les favorise pas, pour ne pas déroger au rang auquel notre vanité nous porte à prétendre.

« Nous osons nous flatter que l’astre de la civilisation a reflété sa lumière sur la montagne de St-Remèze et que sa douce influence nous a déjà dépouillés de la vieille rouille qui rendait nos pères si rustres aux yeux des habitants des villes. C’est une illusion de notre amour-propre, car si nous sommes en voie de civilisation, nous sommes bien loin d’atteindre à la perfection à laquelle tend l’espèce humaine. La civilisation, en nous révélant la dignité de notre être, ne saurait produire que de bons et heureux effets sur nos mœurs, si elle était le fruit d’une éducation éclairée par l’instruction ; mais comme chez nous, lorsqu’elle n’est que l’imitation de la politesse extérieure des hommes bien élevés, cette espèce de civilisation est bien souvent accompagnée de vanité et d’orgueil ; alors elle fait perdre aux qualités du cœur plus qu’elle ne fait gagner au caractère naturel. »

La forme de ces réflexions, à laquelle nous n’avons voulu rien changer, est loin sans doute d’être parfaite, mais quel jugement sain et solide ne révèlent-elles pas chez leur auteur !


St-Remèze fut un des endroits de l’Ardèche les plus agités pendant la Révolution. Après la chute de Robespierre, le parti royaliste releva la tête. Le mouvement était dirigé en Vivarais par les frères de Lamothe, Dominique Allier et autres. Charmasson nous donne un précis des évènements qui marquèrent cette époque à St-Remèze.

Le 2 février 1796, les royalistes assassinèrent dans son lit le républicain André Ozil. Une garnison de quarante hommes fut alors envoyée à St-Remèze sur la demande des républicains. Charmasson, de Patrou, fut dénoncé en première ligne par ces derniers, et il fut même l’objet d’une tentative d’assassinat. De nombreuses perquisitions eurent lieu à son domicile, et il dut se sauver dans les bois. Il y avait aussi à St-Remèze de nombreux déserteurs pourchassés comme royalistes. Le 24 juin 1799, les gardes républicains tuèrent dans une rixe le royaliste Chauliat. Le 1er août, Dechame, l’agent national, fut assassiné, en plein jour, tandis qu’il moissonnait dans son champ. Les meurtriers de Chauliat furent acquittés. Ceux de Dechame restèrent toujours inconnus.

Les conspirations royalistes avaient été neutralisées par la vigilance des autorités civiles et militaires. M. de Lamothe, arrêté à la Narce, avait été massacré dans les prisons du Puy et le chevalier Durieu avait été fusillé à Bolène. Cependant le marquis de Surville et Dominique Allier continuaient à entretenir des relations avec les princes émigrés et avec les chefs des insurgés de la Vendée, pour le rétablissement de la monarchie. A leur instigation, un certain nombre de déserteurs, qui ne pouvaient pas rester dans leurs familles, à cause des poursuites exercées contre eux et qui s’obstinaient à ne pas vouloir rejoindre leurs corps, prirent les armes et formèrent de petites bandes, non pour combattre de front les troupes de la République, mais pour entraver la marche du gouvernement en retenant les autres déserteurs, en s’emparant de l’argent des caisses publiques, en entretenant l’esprit royaliste et en intimidant les républicains. Ces partisans furent désignés sous le nom de Chouans déjà appliqué aux partisans royalistes de la Vendée.

« Les Chouans, dit Charmasson, vinrent plusieurs fois, en petite bande, dans la commune de St-Remèze, où ils firent beaucoup de bruit et de tapage dans les rues, par des coups de fusil tirés en l’air, pour intimider les républicains qui, à leur approche, prenaient la fuite, mais ils ne firent jamais aucun mal à personne ; ils se contentaient de couper l’arbre de la liberté planté sur la place, d’enlever les drapeaux de la garde nationale et les écharpes tricolores des membres de la municipalité. Les Chouans étaient la terreur des républicains qui les regardaient comme des brigands et des assassins. Cependant ils ne faisaient de mal qu’à ceux qui voulaient leur en faire, et le petit nombre de victimes qu’ils firent se compose uniquement d’individus acharnés à leur destruction. Les royalistes de St-Remèze qui, naturellement, étaient pour eux, ne s’approchaient pas d’eux lorsqu’ils arrivaient dans cette commune ; ils ne voyaient que quelques femmes qui les entretenaient de leur bavardage médisant. Les Chouans poursuivis par de petites troupes de soldats qui ne pouvaient jamais les rencontrer, étaient sur leurs gardes ; ils ne séjournaient dans un endroit que le temps nécessaire pour aller et venir de ce lieu à celui de la résidence des soldats, afin de n’être pas surpris dans le cas où quelqu’un serait allé prévenir la force armée.

« Un soir d’été, les Chouans arrivèrent à St-Remèze à la nuit tombante, avant l’heure où les habitants sont couchés ; ils y passèrent la nuit dans les cabarets à boire et à manger. Des soldats stationnés à Vallon furent avisés du fait, et, guidés par des républicains, se mirent en marche pour venir surprendre les Chouans. Arrivés près de St-Remèze, lorsqu’il faisait déjà jour, les soldats aperçurent les Chouans se retirant par le chemin de Chames. Les soldats s’arrêtèrent, puis s’avancèrent au quartier du Bourboulet. Les Chouans, apercevant les soldats, s’arrêtèrent également au quartier de la Lauze. Les deux troupes étaient à portée de fusil, mais séparées par le ravin profond où coule le ruisseau des fontaines. Des coups de fusil furent échangés et un petit combat s’engagea. Les soldats voulant franchir le ravin, un garde national de Vallon fut blessé à la cuisse. Les Chouans entendant sonner la charge, battirent en retraite du côté des bois, où les soldats les perdirent de vue.

« Pendant ces désordres qui troublaient la tranquillité, les habitants de St-Remèze éprouvaient tour à tour des paniques pénibles par l’apparition alternative des soldats et des Chouans. A l’arrivée des soldats, les déserteurs et les royalistes les plus compromis par l’ardeur de leurs opinions politiques, quittaient leur maison pour n’être pas arrêtés. A l’approche des Chouans, les plus ardents républicains prenaient la fuite pour ne pas éprouver l’effet de leur antipathie. Ainsi, la plupart des habitants vivaient dans des craintes continuelles et ne dormaient pas toujours tranquilles ; les familles neutres et sans opinions prononcées, étaient soucieuses pour leurs parents ou alliés de l’une ou de l’autre catégorie.

« L’état dans lequel se trouvait la commune de St-Remèze représentait en petit la France entière. Tiraillée par les partis, que la faiblesse du gouvernement ne pouvait pas réprimer, et fatiguée de l’anarchie qui ne lui donnait ni repos ni sécurité, la France était disposée à accepter tout évènement qui pouvait lui promettre le retour de l’ordre et de la tranquillité, dont elle avait le plus grand besoin, mais dont la grande majorité, craignant encore le retour des privilèges seigneuriaux, aurait repoussé les frères de Louis XVI qui n’aurait pu réussir à faire ce que fit un homme populaire… »

Sous l’empire, St-Remèze fut tranquille, mais ne fut pas plus heureux pour cela à cause de la conscription qui enlevait sa jeunesse. « A mesure que les jeunes gens arrivaient à l’âge de dix-huit ou vingt ans, ils étaient enlevés sans exemptions et sans espoir de retour. Leur départ plongeait leurs parents dans le deuil, comme si on les eût portés au cimetière. De 1792 à 1814, quatre-vingt-dix jeunes gens de St-Remèze furent soldats, dont un tiers trouva la mort dans les combats ; un autre tiers déserta. Aussi la chute de Napoléon Ier fut saluée avec joie par St-Remèze. Le drapeau blanc fut promené en triomphe et arboré au faîte du clocher en 1814 et 1815. »

Le territoire de St-Remèze comprend quatre mille cent quatre-vingt douze hectares, dont la moitié environ est en taillis de chênes blancs ou de chênes verts. Un tiers est en landes garnies de buis pour engrais et et le sixième seulement est cultivé. Les cavernes, souvent ornées de stalactites, sont nombreuses dans les roches calcaires. La plus remarquable est la Beaume de l’Escure.

Il y a, dans les bois de St-Remèze, vers les bords de l’Ardèche, de larges fossés naturels, plantés d’arbres et entièrement bordés de rochers à pic, qui forment de précieux campements pour les chèvres, attendu que les loups ne peuvent y pénétrer. On y descend avec des cordes les chèvres qui y vivent quelques mois en liberté, et plus tard on va les reprendre.

Les loups sont assez nombreux dans la contrée – plus nombreux que dans les hautes montagnes du département. Toutes les années, une battue est organisée dans la région de Vallon, St-Remèze, Gras, St-Maurice-d’Ibie et la Gorce. C’est très gai. Quand on tue un ou deux loups, on s’en va fort satisfait.

  1. Généalogie de la maison de Moreton de Chabrillan, p. 15 (cité par M. le baron de Coston), Hist. de Montélimar t. 1, p. 187.