Voyage … le long de la rivière d’Ardèche

Docteur Francus

- Albin Mazon -

XV

Un nouveau tour sur le Coiron

L’édicule de Lussas. – Lucus sacer. – Une vengeance municipale. – Souï dé Lussas, eï rien vi. – Hauts dignitaires d’Albe. – Les inscriptions et les musées locaux. – Les carrières des Romains à Eyriac. – St-Laurent-sous-Coiron. – Les charges du paysan avant la Révolution. – Darbres. – Un éléphant dans les laves. – L’Auzon. – Herbes, fleurs et vipères. – Une vieille tour. – La famille d’Arlempde. – L’église de Mirabel.

De la Villedieu à Lussas, il y a environ cinq kilomètres d’une bonne route, qui va aujourd’hui jusqu’à Darbres et sera bientôt prolongée jusqu’à Privas par Freyssenet. Sur une colline à gauche, on aperçoit un dolmen dont la bouche ouverte semble un canon Krupp braqué sur les passants.

Nous quittâmes la route près du moulin de Guillon, pour aller voir les débris du monument romain connu sous le nom de temple de Jupiter. Ces débris sont au-delà de l’Auzon et il n’y a pas de pont, pas même une simple planche, en cet endroit. Il fallut se contenter des sautes tout-à-fait insuffisantes que nous montra une bergère. Au beau milieu, en effet, une des sautes disparaissait sous le courant et les plus agiles seuls purent, grâce à des prodiges d’équilibre, passer l’obstacle sans se mouiller les pieds.

L’édicule est aux pieds de la montagne de Costaraste (côte râpée, inculte), à l’endroit où l’on suppose que passait la voie romaine. Il se compose d’énormes blocs taillés en pierre de Lussas correspondant à la plus épaisse couche des carrières, et pesant chacun de trente à quarante quintaux. Sa forme est celle d’un rectangle arrondi au nord et ouvert au sud. L’intérieur a trois mètres de large sur cinq de long. Les murs, formés de monolithes solidement attachés les uns aux autres par des crampons en fer dont on voit les traces, avaient environ soixante-quinze centimètres d’épaisseur, mais les blocs, placés des deux côtés de la porte d’entrée, formaient une saillie extérieure d’un demi-mètre et se terminaient probablement par les deux corniches qu’on retrouve encore dans les décombres. Un des blocs est creusé en forme de bassin. On dit que c’est la pierre du sacrifice.

L’édifice a été détruit uniquement par la main des hommes, car il pouvait défier le temps au moins dans son gros-œuvre, et les proportions seules des blocs qu’on voit encore ont empêché de les transporter ailleurs. Un certain nombre figurent dans les murs de soutènement du champ voisin et leur blancheur au milieu des basaltes semble crier au voleur et au vandale ! Trois chênes demi-séculaires ont aidé l’action destructive des hommes et le travail de leurs racines a contribué à disjoindre les blocs. Une des grosses pièces du côté gauche a été tout récemment renversée, mais les auteurs de cet acte n’ont trouvé, au lieu d’un trésor, qu’une grosse racine de chêne.

Quelle était la destination de cet édifice ? D’après l’abbé Roux, prieur de Freyssenet, qui est ici l’écho de la tradition locale, il faudrait y voir un temple de la Victoire, d’autres disent un temple de Jupiter. Les archéologues modernes qui l’ont visité y voient un simple tombeau. J’avoue qu’après un examen approfondi des lieux et des débris, je pencherais plutôt pour la tradition. La dimension des pierres employées, les difficultés de transport et de construction, et enfin la quantité de débris environnants, qui indiquent un édifice important, peut-être environné d’autres constructions, me semblent écarter la supposition d’un simple tombeau. Un fait nouveau, qui nous a été signalé, vient à l’appui de notre manière de voir et pourrait conduire à d’intéressantes découvertes. A environ cinquante mètres du monument à l’Est, un paysan, en labourant son champ, a crevé récemment la voûte d’un souterrain. Il s’est hâté, du reste, de le reboucher, fort mécontent sans doute des pierres que les Romains ont ainsi semées dans son champ.

Notre confrère, M. Ollier de Marichard, était dans l’intention de fouiller l’édicule au nom et pour le compte de la Société d’agriculture, des arts et des sciences de l’Ardèche ; mais le préfet et le conseil général y ont mis bon ordre et la suppression du maigre subside que le gouvernement allouait à la Société garantit le propriétaire de l’édicule contre toute tentative de profanation. Ce propriétaire, d’ailleurs, n’a que ce qu’il méritait. Ne s’était-il pas avisé de demander deux mille francs – rien que cela – pour autoriser les fouilles ? Il est vrai qu’il offrait de donner sa terre tout entière au même prix.

D’après M. de St-Andéol, Lussas, autrefois Lucia, pourrait avoir tiré son nom de Lucus Sacer, à cause de ses monuments celtiques, puisqu’on y trouve plusieurs domens, ou de Lucus Saxorum, puisque sa forêt est plantée au milieu même des carrières de pierres de taille qui ont servi à la construction d’Alba Augusta, ou bien du personnage enterré sous son vieux tombeau et qui se serait appelé Lucius…, à moins que ce nom ne lui vienne d’une origine toute différente ; car, sans vouloir décourager les chercheurs d’étymologies, chose toujours intéressante et dans laquelle les plus grosses sottises servent quelquefois à faire découvrir la vérité, il faut bien avouer que l’imaginatien joue un grand rôle dans cette chasse à l’inconnu, surtout quand elle s’exerce sur un terrain vieux de deux ou trois mille ans et où les faits positifs font absolument défaut.

Quoi qu’il en soit, les débris romains assez nombreux, trouvés sur le territoire de Lussas, prouvent que cet endroit a été occupé par les conquérants de la Gaule.

Des tuiles, lampes, mosaïques, monnaies indiquent la position primitive de l’ancien bourg sur un tertre à quelque distance du village actuel qui se groupa autour de l’église de Ste-Marie dotée au VIe siècle, ainsi que celle de la Villedieu, par l’évêque Venance.

Nous espérions trouver quelques traces de cette dernière, mais nous n’avons vu à la place qu’une église neuve bâtie dans ce style mixte qu’affectionnent les constructions modernes, où le plein cintre et l’ogive font un ménage plus ou moins uni. Il y a trois nefs séparées par deux rangs de colonnes légères. Ce genre d’architecture fait paraître l’église plus grande, en même temps qu’il est d’une véritable commodité. Peut-être est-elle un peu large pour sa longueur. Elle est dépourvue de clocher et l’on voudrait en faire un sur la façade. Il y a un beau bénitier en marbre rouge et blanc.

A côté de l’église on remarque une petite halle soutenue par cinq colonnes. Les trois du côté de la place sont des monolithes. Les deux de derrière sont en briques. Cette halle a toute une histoire. Un jour, les sœurs de Lussas achetèrent un emplacement que la municipalité, paraît-il, convoitait. Celle-ci, pour se venger, et sous l’impulsion d’un industriel évincé, fit élever un mur qui emprisonnait la maison des sœurs. L’affaire fut portée à Privas où l’on donna raison aux sœurs. L’autorité fit démolir le mur, mais pendant la nuit les habitants le rebâtirent. Nouvelle plainte et nouveau procès. Plus de cinquante témoins furent appelés à Privas, mais aucun n’avait rien vu. C’est depuis lors que le dicton de Lanas : Souï de Lanas, eï rien vi, est passé aux gens de Lussas. Finalement, ne pouvant refaire éternellement pendant la nuit un mur démoli pendant le jour, la Pénélope municipale se contenta de masquer la maison des sœurs par une halle. Au fond de cette halle est une estrade où un conférencier vient de temps en temps prôner l’instruction laïque. On y voit aussi un beau cippe funéraire jadis encastré dans le mur de l’ancienne église. Cette pierre a un mètre dix-huite entimètres de hauteur et cinquante-deux centimètres de largeur. L’inscription indique un monument élevé à Marcus Primius Mansuetus, de la tribu Voltinia, ayant rempli dans sa patrie les dignités de flamine augustal et de quatuorvir, par son fils Marcus Primius Maximus.

Nous apprenons ainsi que le titre des premiers magistrats d’Alba Helviorum était celui de quatuorvir. Ils étaient quatre… comme dit la chanson. On connaît, du reste, un autre quatuorvir de la cité des Helviens, par suite d’un fragment d’inscription (aujourd’hui perdu) trouvé autrefois à Aps. (1) Celui-ci s’appelait Lucius Valérius Optatus. Il fut non-seulement quatuorvir et flamine augustal, mais encore tribun de la légion IIIe Gallica, préfet des ouvriers et peut-être autre chose, car l’inscription est restée incomplète. La légion dont il s’agit ici avait été recrutée en Gaule, mais combattit en Syrie avec Antoine ; elle y était encore sous Septime Sévère et fit sous Aurélien, en 272, la guerre contre Zénobie. Avant d’être nommé quatuorvir, notre vieux compatriote Valérius avait donc vu bien des pays, et c’est dommage qu’il n’ait pas eu l’idée d’écrire comme nous ses voyages.

On nous dit à Lussas qu’une autre pierre tombale avait été vendue, il y a plusieurs années, à un habitant d’Aubenas. Je suppose qu’il s’agit du monument élevé par Petroninus Diadumius à la mémoire de sa femme Prisciana. Ce Petroninus était aussi flamine augustal d’Albe, et de plus sévir ou sextumvir, c’est-à-dire un des six membres du collège des flamines chargés spécialement de veiller au culte d’Auguste élevé au rang des dieux. M. Allmer croit qu’il faut lire Diadumenus au lieu de Diadumius, et juge, d’après le surnom grec de ce personnage, que ce devait être un affranchi, condition de presque tous les sévirs augustaux. (2) Le savant épigraphiste raconte qu’il n’a pu retrouver à Lussas la pierre portant cette inscription, ce qui n’a rien d’étonnant, puisqu’elle fut donnée à la ville d’Aubenas vers 1838 par M. Aymard, du Puy. L’Annuaire de l’Ardèche de 1839, qui rapporte le fait, ajoute : « Ce don fut fait par M. Aymard à la ville d’Aubenas « à la condition qu’avec quelques autres sculptures antiques, il formât les premiers éléments d’un cabinet public d’antiquités. Puisse cet exemple trouver des imitateurs ! Puisse surtout cette idée généreuse être fécondée ! »

Elle a été drôlement fécondée depuis ! Récompense honnête à qui retrouvera la pierre de M. Aymard.

Au reste, cette perte n’a rien d’étonnant, si l’on songe qu’un des derniers préfets républicains a fait jeter dans une salle de débarras les précieuses collections données au département par MM. Jules de Malbos et Dalmas, c’est-à-dire un musée local tout entier ! Nous sommes cependant en République athénienne ! Zuze un peu, dirait le Marseillais, si nous étions dans l’autre !

A la Motte, près de Lussas, il y a aussi un reste d’inscription antique, provenant d’un monument funèbre élevé par MARSA à son très-pieux mari. (3)

La route de Lussas à l’Echelette traverse le village d’Eyriac. Les carrières des Romains étaient de ce côté. C’est la même pierre qu’on retrouve à Vogué, qu’on exploite à Ruoms, et qui se prolonge, comme nous l’avons dit, à travers tout le bois de Païolive jusqu’à la montagne de Bannelle.


Laissant sur notre gauche la route qui va à l’Echelette, nous montâmes à St-Laurent, et de là, à Darbres.

Le Charta Vetus nous apprend que l’évêque Longin construisit en l’honneur de saint Etienne, sur le mont Coiron, l’église dite ad Scans, ainsi que l’église de St-Laurent, et en fit don à la cathédrale de Viviers.

Il s’agit évidemment ici de St-Laurent sous Coiron, mais quant à la première église, il n’y a pas accord entre les autorités compétentes. Tandis que M. de St-Andéol la place à Mirabel, l’abbé Rouchier croit qu’il s’agit de St-Etienne de Sceautres.

Nous relevons dans l’intéressant ouvrage de l’abbé Mollier, la note suivante de M. de St-Andéol sur l’église de St-Laurent :

« L’église de St-Laurent, qui date du Ve siècle, possède une pyxide remarquable, en cuivre émaillé à rinceaux étoilés, verts, blancs et bleus ; cet antique ciboire est du XIe siècle ou du XIIe au plus tard. Elle appartient par son style et ses dispositions liturgiques, aux églises paroissiales de la période comprise entre le IVe et le commencement du VIIIe siècle. Son secretarium, établi sur le flanc septentrional et qui ne communiquait avec la nef que par une porte ouverte dans le chœur, comme à la cathédrale provisoire de Mêlas au Ve siècle, et à l’église St-Martin d’Albe dès le IVe, est devenu, depuis quelque temps un des bas-côtés de l’église. La porte de l’église a été refaite au VIIIe siècle ; on y retrouve des matériaux et des profils de l’église primitive. L’église de St-Laurent est un monument précieux de l’architecture romane dégénérée, qui a précédé l’architecture gothique. A côté de la porte, on voit un cippe servant de piédestal à un croix. »

Nous connaissons des gens fort compétents qui ne peuvent s’empêcher de sourire toutes les fois qu’on leur parle d’une église antérieure au Xe siècle. Ceux-là certainement reprocheraient à M. de St-Andéol d’assigner à bon nombre de nos monuments religieux une antiquité exagérée. Peut-être auraient-ils quelquefois raison, mais souvent aussi on trouverait, après un examen attentif, qu’il n’a pas tort, et tel serait par exemple le cas de l’église de Mêlas. En est-il de même pour St-Laurent ? Nous laisserons à d’autres plus compétents que nous le soin de résoudre le problème.

Il est certain, dans tous les cas, que l’église de St-Laurent existait au XIe siècle, puisqu’il résulte d’actes authentiques que Géraud II, évêque de Viviers, la donna en 1060 avec celle de St-Pons, à Pierre de Chavanon, fondateur du monastère de Pébrac, en Auvergne, à cause de la sainteté de ce personnage qui opérait journellement des miracles (4). C’était encore l’abbaye de Pébrac qui présentait à la cure de St-Laurent au siècle dernier. Le prieur était un religieux de l’abbaye.

St-Laurent était autrefois environné de murs reliés ensemble par trois tours qui commandaient les trois portes du village, mais depuis deux siècles environ, tout est tombé en ruines, et, sauf une tour, St-Laurent a perdu à distance son aspect féodal.

En 1628, les chefs protestants, Louis de Mirabel et Chabreilles, qui venaient de ravager Lussas et les environs, se présentèrent un soir pour attaquer St-Laurent, mais le curé, nommé Eyraud, eut l’ingénieuse idée de planter sur les remparts une foule de mannequins armés de bâtons, dont le nombre et l’aspect farouche donnèrent aux agresseurs une haute idée de la force de résistance qu’ils avaient à surmonter, et ils jugèrent prudent de se retirer.

La tradition locale a gardé le souvenir du passage de St-Jean-François Régis à St-Laurent, le 24 mai 1634. (5)

Au XVe siècle, la seigneurie de St-Laurent appartenait aux nobles Morel de Feugeyrolles, au moins pour la plus grosse part, car, déjà à cette époque, la plupart des seigneuries étaient divisées entre une foule de coseigneurs.

Le curé de St-Laurent écrivait en 1762 :

« Il y a un grand nombre de fiefs dont les censes s’exigent à St-Laurent, ce qui fait que les paysans de la paroisse et des environs sont fort chargés en censes, ce qui les rend moins commodes. Il y en a plus de vingt-cinq. Et il y en a plusieurs dont l’afferme se porte à plus de douze cents livres. Les plus considérables sont ceux de :

M. de Vogué, haut seigneur ;

M. de Chambonas ;

M. de St-Laurent, de Valence ;

M. Champanhet, de Vals ;

M. le prieur ;

Les chapelains de Vogué ;

Les Jésuites ;

Mme du Fournet ;

M. de Blachère, d’Aubenas, etc.

Les autres sont de peu de conséquence. »

Ce qui les rend moins commodes… Ces mots en disent long et font comprendre l’enthousiasme que provoqua la première Révolution, au moins à son début.

La chapelle de St-Arcons de Darbres est mentionnée dans le Charta Vetus sous la rubrique : in Dardano capella Sti Arcontii.

La paroisse de Darbres est désignée dans les actes anciens sous le nom de parrochia de Arboribus, ce qui vient sans doute du contraste que présentent ses ravins boisés avec le plateau du Coiron où perchent Berzème et Gineis le Tondu. Dans le pays on appelle aussi St-Laurent : St-Laurent des Arbres.

L’abbé Roux, prieur de Freyssenet, dont nous avons signalé les travaux géologiques (6), était de Darbres.

Un autre Roux, né à Darbres, parent sans doute du prieur de Freyssenet, était en 1785 missionnaire au Tonkin, où il était allé remplacer le Père Lebreton, mort en soignant les pestiférés. Il y mourut le 20 octobre 1790.

Il a été fait à Darbres plusieurs intéressantes découvertes archéologiques, entre autres celle d’une défense d’éléphant que M. Lavalette trouva le 9 messidor an IX, dans son domaine d’Arnoux, au milieu des brèches volcaniques que recouvrent les basaltes du Coiron. A en juger par les débris, cette défense pouvait avoir plus d’un mètre soixante centimètres de long. Elle fut envoyée au cabinet de l’école des mines à Paris, où elle doit être encore. (7)

Les découvertes de ce genre sous les basaltes du Coiron ne sont pas rares, et l’on y trouve les éléments d’une ménagerie complète. Les communes de Darbres, Mirabel et Sceautres, sont celles où l’on a trouvé le plus de fossiles, mais il est probable qu’on en trouverait tout autant dans les autres communes du Coiron, pour peu qu’on voulût les chercher. Il faut bien se figurer que nous ne sommes dans l’Ardèche qu’au début des études de ce genre, et qu’à part les localités desservies par les chemins de fer ou les diligences – et encore ! – la plus grande partie de notre département est plus inconnue archéologiquement que la Chine ou le Monomotapa.

Les tours de St-Laurent et de Mirabel se regardent depuis des siècles, comme des chiens de faïence, à travers la vallée d’Auzon.

La rivière d’Auzon qu’il nous fallut traverser pour monter de Darbres sur le plateau du Coiron, vient du cratère de Freyssenet et sépare les deux rayons basaltiques qui portent les ruines des deux anciennes forteresses féodales.

Un helléniste, sans doute, a supposé que le nom de cette rivière lui venait de ses premiers habitants originaires de l’Ausonie ; mais c’est là une assertion qui, pour être prise au sérieux, aurait besoin d’autres bases qu’une simple consonnance. M. de St-Andéol croit, avec plus de vraisemblance, à une origine sarrasine et constate que ce nom d’Auzon ou Alzon a été donné à plusieurs cours d’eau dans les pays occupés par les Sarrasins. Un ruisseau de la montagne de Rez, qui porte le même nom, est beaucoup plus connu dans le pays sous le nom de Rimouren, rivière des Maures.

La petite plaine de Lussas, enrichie par les bonnes terres que lui apporte l’Auzon, fait contraste par sa fertilité avec l’air dépenaillé des coteaux voisins. Ceux-ci ont encore des airs terribles avec leurs vieilles tours, mais le blé n’y pousse guère, et Lussas semble un gros bourgeois moderne faisant la nique aux maigres chevaliers d’autrefois.

Notre course sur le plateau fut assez accidentée. Ceux qui se figurent que le sommet du Coiron est plat comme une table de marbre se trompent fort. Heureusement, le vent tempérait le soleil et le pittoresque faisait un peu oublier la fatigue.

Nous cherchâmes vainement sur ces hauteurs les anémones que Barbe m’avait tant de fois promises. Puisque ces fleurs aiment le vent, au point d’en avoir pris le nom, où pourraient-elles mieux se trouver que sur le Coiron ?

Barbe s’étonna aussi de ne pas en avoir rencontré et, comme nous suivions un ravin, bordé de prairies et de quelques bouquets d’arbres :

– Voici, dit-il, des plantes des vallées dont la beauté, pour être plus modeste, ne le cède en rien à celle des anémones.

Il cueillit une branche de buglose, cette jolie borraginée à fleur bleue, et m’en détailla les perfections avec la passion d’un botaniste. Je ne sais pas, dit-il, pourquoi les Grecs lui ont donné ce vilain nom de langue de bœuf. Mme Barbe en raffole ; l’azur de sa corolle fait bien vite oublier la raideur et les piquants de sa feuille. Et, ajouta-t-il en riant de cette conclusion, en Italie on la mange cuite.

Un peu plus bas, la prairie était humide et l’épilobe y étalait en masse sa corolle pourpre. La fleur est le langage, l’idée de la plante, et quand on a les pieds dans l’eau, les idées conservent toujours quelque fraîcheur.

Ah ! s’écria Barbe, voici une scélérate, par exemple. C’est le cheveu du diable (la cuscute).

N’avez-vous jamais remarqué, lecteur, dans les terres cultivées ou dans les prés, un fil rouge, un vrai serpent végétal, qui s’enroule autour de quelques plantes, les genêts, les trèfles et les luzernes de préférence, les étranglant de ses nœuds multiples, vivant à leurs dépens ? La coquine n’a pas de feuilles, mais seulement des fleurs… et des suçoirs. Elle se multiplie rapidement et a bientôt ravagé une plantation entière. Sus à ce corsaire végétal ! Il faut, pour s’en débarrasser, couvrir le champ de cendres, de suie ou de colombine.

Un tableau des plus gracieux vint tout à coup arrêter notre attention et couper court aux petites dissertations florales de notre ami Barbe.

Une belle et fraîche fillette de quinze ans venait de surgir, sur un mur de clôture, avec un énorme bouquet de fleurs des champs, qu’elle tenait serrées sur sa poitrine. Ses regards brillants et joyeux exprimaient le plaisir qu’elle espérait apporter à la maison avec ses fleurs. Il y avait là des branches de troêne blanc, des glaïeuls rouges, des genêts jaunes, des aubépines, – un vrai fardeau. Cette figure rose et réjouie émergeant pour ainsi dire de cette gerbe odorante, aux couleurs variées, la vie et la grâce humaine couronnant ces richesses naturelles et les encadrant de ses bras nus et potelés, – c’était ravissant de fraîcheur et de poésie.

Soudain, je vois mon ami Barbe pâlir en attachant sur l’enfant un regard épouvanté. Je regarde à mon tour. Une vipère se détachait d’une branche de la volumineuse gerbe et s’apprêtait à mordre un des bras de l’enfant. Nous nous précipitons vers elle. Elle pousse un cri de frayeur et laisse tomber sa gerbe. Pendant que mon ami Barbe tourne autour des fleurs pour couper la retraite au reptile, je m’assure que l’enfant n’a pas été piquée et je lui explique le danger qu’elle a couru. Puis nous faisons la chasse à la vipère et nous avons la satisfaction d’en purger le Coiron.

Quand nous nous fûmes remis en route :

– Oui certes, dit mon ami Barbe, le tableau était charmant, et, traité par un peintre de mérite, ferait fureur au Salon. Attendez, il me semble que le sujet a été traité l’année dernière, moins la vipère. Mais, sans la vipère, le tableau perd tout intérêt dramatique. La jeunesse, la grâce, l’insouciance – avec la mort perfide, horrible, cachée dessous : voilà un sujet à émotion.

– Et à réflexions, ajoutai-je, car ce tableau est bien celui de l’humanité tout entière. Partout il y a des vipères cachées, et notre prudence serait bien souvent en défaut, si le bon Dieu ne veillait pas un peu pour nous.

Barbe sourit à cette expression de bon Dieu qui lui parut évidemment bien vieillotte et peu conforme au progrès moderne. Je ne voulus pas relever ce sourire, mais je ne pus m’empêcher de penser que cette répugnance de notre temps à accepter une expression et une idée, devant lesquelles se sont inclinés tant de générations et tant de génies, qui valaient bien ceux d’aujourd’hui, révèle plus d’orgueil et de vanité que de vraie science.


Il paraît que les vipères sont assez communes dans le Coiron, ce qui tient simplement aux facilités que le climat, la nature du sol et la solitude prêtent à leur propagation.

La vipère se reconnaît à sa tête plus ou moins triangulaire et à sa queue qui finit brusquement en pointe. Elle est brune et roussâtre, quelquefois d’un gris cendré, avec une raie noire sur le dos et des taches noires sur les flancs. Le ventre est d’un gris d’ardoise. On sait que son venin est inoculé dans les plaies au moyen de deux crochets canalisés. Ce venin est très actif, et les chasseurs du Coiron feront bien d’avoir des bottes pour courir la contrée. Il ne faut pas s’exagérer toutefois le danger des morsures de vipères, car avec des soins on en guérit presque toujours.

Il résulte d’un mémoire présenté récemment à l’Académie par un médecin de Nantes que, dans la Loire-Inférieure la morsure de la vipère est mortelle dans le sixième des cas, et que la succion immédiate de la plaie est le meilleur moyen à employer pour combattre le danger, attendu qu’on n’a jamais vu mourir des individus dont la plaie a été sucée immédiatement. Quand il n’est pas possible de sucer la plaie, le meilleur est de la cautériser avec la pierre infernale ou autrement, et à défaut de la laver avec de l’eau, et de préférence de l’eau salée.

La vipère a ordinairement cinquante à soixante-dix centimètres. Elle se sauve comme tous les reptiles devant l’homme ; l’essentiel est de ne pas lui marcher sur le corps et surtout de ne pas fourrer les mains dans les tas d’herbes ou de branchages ou sous les pierres où elle s’est blottie.

Frigidus… latet anguis in herba

dit le poète latin.

Le paysan ne se préoccupe que médiocrement de la morsure des serpents, en quoi il a tort. Il est vrai que la vipère est loin d’être son plus dangereux ennemi. La plus mortelle des vipères pour lui, n’est-ce pas, en effet, son ignorance des plus vulgaires lois de l’hygiène, et les imprudences quotidiennes qui en sont la conséquence ? Savez-vous un moyen d’empêcher le paysan de boire aux fontaines glacées, quand il est tout en transpiration, et de se coucher sur la terre humide ? Savez-vous un secret pour le décider à changer de vêtements quand il rentre mouillé ? Ce sont là les vraies vipères, celles qui font des victimes par centaines dans les campagnes, tandis qu’on entend dire une fois tous les trois ou quatre ans qu’une personne est morte d’une morsure de serpent.

Toutes les fois que je traverse un village, je suis frappé de l’incurie du paysan au point de vue hygiénique. Maisons basses, humides, sales et malsaines ; amas de fumier et mares puantes tout autour ; on dirait qu’il se plaît à empoisonner l’air qu’il doit respirer, et qui est cependant sa première nourriture. Un illustre médecin, Amédée Latour, dit avec raison que l’autorité devrait se mêler de l’affaire, et l’obliger à mieux suivre les lois de l’hygiène. Salus populi surprema lex esto. Je pense que lorsqu’on aura fini de jacasser politique, on y songera ; mais aura-t-on jamais fini ?

Serait-ce commettre une énormité, que de rappeler à nos hommes d’Etat qu’avant de créer, par exemple, des chaires d’hébreu ou de sanscrit, avant de subventionner des chanteurs et des danseuses, avant de créer tant d’emplois inutiles, avant même d’élever de fastueux bâtiments d’écoles, il serait peut-être juste et humain de s’occuper de la santé publique dans les campagnes et d’imposer au besoin aux paysans quelques-unes des précautions sanitaires qu’ils oublient ou négligent beaucoup trop ?

Ainsi que nous avons eu déjà l’occasion de le dire, les curés, munis de notions médicales élémentaires, pourraient rendre les plus grands services : 1° En empêchant les imprudences ou les habitudes anti-hygiéniques qui engendrent tant de maladies ; 2° En dirigeant rationnellement les premiers soins à donner aux malades ; 3° En prévenant les familles à temps dans les cas graves, afin qu’on n’attende pas, ce qui est l’habitude, que le malade soit désespéré pour recourir au médecin. Si le curé pouvait, en même temps, inculquer la tempérance à ses paroissiens devenus ses clients, il serait sûr d’avoir des centenaires dans sa paroisse, car, comme l’a dit un poëte :

Qui ne rirait de voir qu’avec un soin extrême
L’homme ait inventé l’art de se tuer lui-même !
A force de ragoûts et de mets succulents,
Il creuse son tombeau sans cesse avec les dents.

Mon ami Barbe me fait justement observer que ceci concerne beaucoup plus les villes que les campagnes, et que ces quatre vers eussent été bien plus de mise à Privas ou à Aubenas que sur le Coiron. Dont acte.

Je reviens à mes vipères pour consigner ici un souvenir de mes lectures.

Les pionniers d’Amérique se défendent du serpent à sonnettes au moyen des porcs qu’ils élèvent et qui circulent en liberté autour de leur habitation. Le serpent mord le porc, mais le venin se perd dans la graisse et le porc broie le serpent dans sa puissante mâchoire. Il est bien entendu que nos paysans sont aussi défendus sans qu’ils s’en doutent, contre les vipères, non seulement par le porc, mais par le chien et surtout par les porcs et les poules. Il y a une antipathie naturelle et profonde entre l’oiseau et le reptile. Le trigonocéphale, cette dangereuse vipère de la Martinique, a pour ennemi particulier un oiseau qui a été dressé tout exprès par la Providence pour lui faire la chasse.

Quant aux couleuvres, que les paysans de Bourgogne appellent des anguilles de haie, on les mange quelquefois chez nous comme ailleurs.

Elles ont un goût de poisson très prononcé et plus d’un aubergiste, sans aucun doute, sert à ses pensionnaires des plats qui ne les valent pas. Après tout, mieux vaut manger des couleuvres comme le paysan, qu’avaler des couleuvres, ce qui est le lot inévitable de tous les hommes politiques.


Nous arrivâmes enfin à Mirabel, ce malheureux village, dont la tour, qu’on aperçoit de tous les points de l’horizon, relève et rappelle le passé belliqueux. On dirait un grognard, aux moustaches hérissées, levant son bâton sur le monde moderne qui file à ses pieds sous la forme d’un train de chemin de fer.

Mirabel fut longtemps une place forte des protestants et formait (avec Salavas, Vallon, la Gorce et Villeneuve) un des jalons de la route militaire des huguenots entre Nimes et Privas. Mirabel fut pris par le duc de Montmorency en juin 1628, après un siège qui coûta cher aux assiégeants, et ce fait d’armes fut l’objet d’un Récit véritable fait aux Reines par le sieur de Montgazon, un des gentilshommes du duc de Montmorency. Celui-ci fit exécuter un de ses soldats, du régiment de Pérault, qui s’était jeté dans la place pour rendre compte aux assiégés de l’état et du plan de l’armée catholique.

Deux ans auparavant, deux catholiques nommés Arnoux et Ambroise avaient tenté de s’emparer par surprise du château de Mirabel, mais ils avaient échoué dans cette entreprise que raconte tout au long le Soldat du Vivarais. Le chroniqueur peint avec une concision merveilleuse la topographie de l’endroit : « Ces deux châteaux (de Laroche et de Mirabel) sur le rocher, le rocher sur le lieu et le lieu sur la montagne faisoient un grand précipice tout autour… Quand les gens de Mirabel vouloient faire entendre quelque chose à sept ou huit lieues au loin, ils le faisaient la nuit, par le moyen de leurs signes… » (8)

Le premier de ces châteaux fut remis à son propriétaire, le sieur de Laroche, mais l’autre fut détruit. Il paraît néanmoins qu’il en resta des débris assez habitables pour être habités. Le Guigon, de Taverne, dont parle Andéol Vincent, chez lequel se trama le complot de Jalès, y demeurait comme intendant de M. de Surville, et n’en sortit que vers 1798. La pièce principale de la maison avait une belle cheminée et une superbe glace qui furent descendues au Pradel. M. de Mirabel, père de la marquise de Surville, fit démolir une pièce carrée à murs très épais. Dans chaque mur, on découvrit une marmite pleine de pièces d’or. Le tout fut religieusement remis à M. de Mirabel.

Derrière le château, au pied du rocher, on découvre beaucoup de fondations. Ce quartier porte le nom de Corps. La tradition porte qu’il fut une fois tellement décimé par la peste qu’on se décida à l’abandonner, puis à le brûler et à le raser.

La famille des Arlemde, Darlempde ou d’Arlande seigneurs de Mirabel, seigneurs de Concoules, Vendrias, etc., remonte à Guillaume d’Arlempde qui possédait la terre de Cheylus (St-Priest) vers 1300. Cette terre passa plus tard aux Bénéfice. Un Guillaume de Mirabel était vers la même époque abbé « par la grâce de Dieu » du célèbre monastère des Antonins, à St-Antoine de Viennois. En 1336, Pierre d’Arlempde était coseigneur de Sceautres et Tataillon en Coiron. Hugon d’Arlempde, en 1420, était coseigneur d’Antraigues par son mariage avec Alix de Goys, fille de Gilbert. Ce personnage figure comme témoin en 1433 dans l’acte de confirmation des libertés d’Aubenas.

Gabriel d’Arlempde fut un des lieutenants du chef protestant Jacques de Crussol, seigneur d’Acier, et joua à ce titre un assez grand rôle dans nos guerres religieuses de 1569 à 1580.

Louis IV de Mirabel épousa Marie-Marthe de Borne de Ligonez en 1586. C’était un zélé protestant qui fut député en 1620 à l’assemblée générale de la Rochelle avec le sieur de Chazalet-Châteauneuf. On sait que les opinions exaltées prévalurent dans cette réunion.

Son fils Louis V, beau-frère du brave Brison, était avec son père au château de Mirabel en 1628, quand Montmorency vint attaquer cette place et l’obligea à capituler.

Jacques d’Arlempde, un fils de ce dernier, fut un des plus ardents huguenots de son temps. Ses coreligionnaires du Vivarais l’envoyèrent au synode national de Loudun en 1659, et l’on dit qu’il y plaida la cause protestante avec autant de courage que d’éloquence – ce qui n’empêcha pas quelque temps après la famille d’Arlempde de se convertir au catholicisme. Dès l’année 1655, une Jeanne de Mirabel avait abjuré le protestantisme au château de Brison. Mais la conversion qui fit le plus de bruit, fut celle d’un Jacques d’Arlempde, probablement le fils du précédent, qui se réfugia en 1678 dans le couvent des Capucins de Villeneuve-de-Berg pour échapper au ressentiment de son père, et abjura entre leurs mains. Les protestants soutinrent qu’il y avait eu pression de la part des religieux sur l’esprit de ce gentilhomme, et firent à cette occasion une sorte d’émeute à Villeneuve.

Après avoir donné des protestants zélés, la famille de Mirabel donna des catholiques zélés. Trois de ses membres : Alexis né en 1712, Paul Rostaing né en 1714 et Jean Louis d’Arlempde, dit de Vendrias, né en 1717, entrèrent dans la compagnie de Jésus et professèrent aux collèges d’Aubenas, Tournon et Béziers.

Le célèbre fabuliste Florian était le petit-fils d’une Mirabel (Françoise d’Arlempde) qui épousa, en 1524, noble André Claris, seigneur de Florian et de St-Martin en Languedoc.

Antoine de Mirabel obtint de Louis XV l’érection de la terre de Mirabel en marquisat. Sa fille Marie-Benoîte qui épousa le général Mésange de St-André, est l’aïeule de M. de Vatré, le propriétaire actuel du Pradel.

La dernière descendante des Mirabel, Marie Pauline née en 1763 et morte à Villeneuve-de-Berg en 1843, avait épousé le marquis Etienne-Joseph de Surville, le chef royaliste, fusillé au Puy, en 1798 et que l’on croit généralement l’auteur des Poésies de Clotilde. N’ayant pas d’enfants, elle institua pour héritier le fils de Christine de Mésange, sa cousine germaine (Auguste de Vatré, petit-fils de Marie-Benoîte d’Arlempde). Le Pradel fut vendu aux Barruel puis revint aux Vatré après discussion.

L’église de Mirabel est du XIIe siècle, à l’exception de la première travée qui est beaucoup plus ancienne. Son abside, démolie dans les guerres du XVIe siècle, a été remplacée par un chœur carré. On y voit le rétable et le maître-autel de la chapelle des Capucins, de Villeneuve. Cette œuvre d’art, qui mériterait d’être conservée, date de la Renaissance. Les colonnes torses sont entourées d’une vigne aux pampres de laquelle figurent des serpents et des oiseaux d’un travail très fin. Il est malheureux qu’un badigeonneur ait passé par là et y ait déposé toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Un tableau de cette église, qui n’est pas sans valeur, représente, dans le haut, la Vierge portant l’enfant Jésus sur ses genoux et entourée d’anges, et dans le bas, St-Pierre à genoux, avec un autre personnage qui serait, dit-on, St-Louis, roi de France ; mais comme ce St-Louis a des moustaches, il est plus probable que le tableau représente simplement Louis XIII vouant la France à Marie. Ce tableau, dévoré par la moisissure et l’humidité, est dans un état pitoyable et ne sera bientôt plus susceptible de réparation. Le rétable lui-même est condamné à périr à brève échéance. Destiné à être adossé à un mur, il vacille depuis longtemps au milieu du sanctuaire sur ses bases vermoulues, et quelque jour on trouvera ses débris éparpillés sur le pavé. Dieu veuille que, dans sa chute, il n’écrase personne !

  1. Revue épigraphique du Midi de la France, par M. Allmer, t. 1, p. 254 et 377.
  2. Allmer, t. 1, p. 60, et Rouchier, t. 1, p. 155.
  3. Histoire du Vivarais, t. 1, p. 583 et Allmer, p. 60.
  4. Columbi, p. 82.
  5. Recherches sur Villeneuve-de-Berg, 199 et 223.
  6. Voyage autour de Privas, p. 218.
  7. Annuaire de l’Ardèche de l’an IX, p. 50.
  8. Commentaires du Soldat du Vivarais, p. 236 et 251.