Voyage aux pays volcaniques du Vivarais

Docteur Francus

- Albin Mazon -

XIX

Le Mézenc

Les Estables. – La prairie du versant occidental du Mézenc. – Un panorama immense. – Les cornes du Mézenc. – Les pics volcaniques d’Auvergne. – Les lauzières. – La Chartreuse de Bonnefoy. – Un monastère vendu en détail. – Prise et reprise de la Chartreuse en 1569. – Le trou des Huguenots. – La seigneurie du Mézenc.

C’était le 3 août 1877.

Nous partîmes du Béage à 1 heure, moi quatrième, tous à cheval, outre le conducteur qui nous suivait à pied, mais d’un pied infatigable, en prenant tous les raccourcis.

Il fallut d’abord descendre par la grand’route dans la vallée de Veyradeire, pour remonter aussitôt après sur le plateau, par des sentiers plus ou moins marqués qui nous conduisirent au hameau des Sauvages, endroit bien nommé, car il est en dehors de toutes les voies de communication et les vents doivent y faire parfois d’effroyables concerts.

Des Sauvages aux Estables, des lauzes d’un mètre ou deux plantées en terre comme des menhirs, marquent la route, précaution fort utile aux époques de neige.

Toute cette partie de la contrée est assez terne. Elle n’est relevée que par le spectacle des grands pics ou dômes phonolitiques qui estompent en quelque sorte le paysage et lui donnent un cachet de majesté robuste.

Les rares fermes ou granges que l’on aperçoit sont entourées de frênes ou de playes ; c’est ainsi qu’on nomme ici l’érable blanc des montagnes. Toute la contrée est en pâturages avec quelques champs de seigle ou d’avoine.

Nous arrivâmes aux Estables à 2 h. 30. Ce village est dans une sorte de bassin au pied des deux colosses : le Mézenc qui lui dérobe la vue de l’orient, et l’Alambre qui l’abrite en partie contre les vents du nord. Il n’offre, d’ailleurs, rien de remarquable, et la petite notoriété qu’il peut avoir aujourd’hui lui vient uniquement des lignes que lui a consacrées Georges Sand dans le Marquis de Villemer. Les maisons sont basses comme il convient à un endroit où parfois la neige tombe pour ainsi dire par monceaux ; mais elles indiquent une aisance relative qui tient à ce que le village est situé sur la route de Fay-le-Froid au Puy, c’est-à-dire du haut Vivarais au Velay.

Les habitants, comme ceux du Béage, sont généralement grands et forts. On peut y voir l’indice d’une race indigène moins altérée par les croisements que dans les vallées. Georges Sand relève contre eux une réputation de rudesse et d’inhospitalité qui remonte au meurtre d’un géomètre envoyé par Cassini, qui fut pris pour un sorcier. Ils ont beaucoup changé et se montrent plus affables aujourd’hui.

Nous cherchâmes en vain l’auberge, indiquée par le célèbre écrivain, dont l’enseigne représentait « une certaine géante aux jambes nues et au carcan d’or, véritable tardigrade d’une étrangeté repoussante ». Celle où nous entrâmes, tandis que nos chevaux mangeaient un brin d’avoine, se composait d’une cuisine où pendaient des flots de lard ou de salé sentant le rance à plein nez, et d’une pièce pour boire et manger où l’on nous servit le plus mauvais vin que j’aie jamais trouvé en montagne.

Des Estables au Mézenc, on monte par une pente assez douce en suivant quelque temps la route de Fay-le-Froid, puis en traversant de riches pâturages qui ont dû être acquis par l’administration des forêts, car elle y a essayé d’importants travaux de reboisements : nous guidions de notre mieux nos chevaux pour les empêcher d’écraser les jeunes sapins d’un vert tendre, mêlés à l’herhedrue. Si cet essai réussit, – ce qui malheureusement est douteux – toute la riche prairie qui recouvre le revers occidental du Mézenc sera remplacée dans un certain temps par une magnifique forêt. C’est dans cet endroit surtout que l’on trouve les plantes de la région alpine qui attirent chaque année un certain nombre de botanistes. Jamais peut-être nous n’avons regretté aussi vivement de n’avoir sur la science des plantes que des données trop élémentaires, ce qui nous empêchait de saluer par son nom, du haut de notre monture, chacun des trésors végétaux qui se pressaient à nos pieds. Nous remarquâmes de belles anémones jaunes, des bétoines, de véritables tapis de mousse et d’airelle-myrtille, où les pieds de nos chevaux s’enfonçaient comme dans un matelas, des serpolets touffus comme on n’en voit pas dans les basses régions, et enfin des œillets d’un rouge vif à faire mourir de dépit tous les rubans de la Légion d’honneur.

Dans les endroits ravinés par les eaux, nous pûmes constater que ce tapis de verdure reposait sur une épaisse couche de terre de bruyère, noire, grasse et d’une fertilité sans égale. Il paraît que certains jardiniers des grandes villes viennent jusque dans cette haute région pour en chercher.

Partis des Estables à 3 h. 10, nous étions, juste une heure après, au sommet du Mézenc. Jusque-là, nous avions joui seulement de l’immense panorama qui s’étendait à l’ouest, mais, à ce moment, comme un gigantesque rideau qui s’abîme dans la terre, le Mézenc s’abaissant subitement devant nos yeux, nous livrait le spectacle de toute la vallée du Rhône et des Alpes, depuis le mont Blanc jusqu’au mont Ventoux.

Ce spectacle n’est pas de ceux qu’il soit donné à la plume ou au pinceau d’exprimer, et l’imagination même aurait de la peine à le concevoir sans l’aide de la réalité.

Au nord-est, à 80 ou 100 lieues de nous, à vol d’oiseau, le massif du mont Blanc nous renvoyait les reflets du soleil couchant, et ressemblait à un temple colossal de glace où affluaient en procession, comme d’énormes fantômes, les pics sourcilleux des Alpes dauphinoises, à demi-voilées par les vapeurs du soir, mais dont les casques neigeux étincelaient çà et là au soleil.

La sublimité de cet horizon écrasait le reste du tableau. La vallée du Rhône – cette grande route de la guerre et du commerce, de la barbarie et de la civilisation, à toutes les époques historiques – disparaissait en quelque sorte dans une véritable forêt de pointes montagneuses qui ne laissaient soupçonner ni le beau fleuve ni les fertiles plaines qui s’étendent entre lui et les Alpes.

Postés au rebord le plus élevé et le plus escarpé du plateau central, nous avions en plein la vue du grand mur de glace et de granit qui sépare la France de tout le sud-est de l’Europe, mais, bien que le Mézenc surplombe, du côté du Vivarais le plus gigantesque des précipices, nous n’étions pas encore assez haut pour dominer et pouvoir fouiller dans ses grands replis le versant cévenol qui s’étend du Mézenc au Rhône.

Du sommet du Mézenc, on aperçoit distinctement l’origine des divers cours d’eau dont cette montagne est en quelque sorte la clé :

L’Erieux, qui débute à ses pieds et va presque en ligne droite se jeter dans le Rhône ;

Le Doux, qui descend plus au nord, des montagnes de St-Agrève et serpente doucement, comme une vraie rivière centre gauche, jusqu’à Tournon ;

L’Ardèche, dont le bassin commence là-bas au sud-est derrière la magnifique et verte montagne du Suc de Bauzon, qui marque la limite des pentes abruptes du Vivarais avec la pente douce de la Loire.

Celle-ci nait, à quelques kilomètres du Mézenc, au Gerbier de Jonc, et se déroule en un vaste demi-cercle autour du Mézenc avant de prendre résolument sa direction vers l’océan.

L’abîme des Cluzels, qui forme avec la paroi orientale du Mézenc un mur presque perpendiculaire de 4 ou 500 mètres de hauteur, paraît être, non pas un ancien cratère, mais un simple affaissement de terrain résultant peut-être du vide formé dans l’intérieur de la terre par les éruptions volcaniques.

Des pics rocheux et des montagnes bizarrement taillées en facettes blanches ou jaunes, où de trop rares bois jettent çà et là leurs taches vertes, caractérisent la région qui s’étend immédiatement au-dessous du Mézenc. Il y a quelques champs de culture dans les bas-fonds, mais les pâturages occupent naturellement la plus grande partie du terrain. Nous apercevons là-bas du côté de St-Martial, un troupeau qui peut bien comprendre 1,500 à 2,000 têtes. Les moutons nous font l’effet de fourmis blanches et le berger paraît gros comme un fétu.

Le Mézenc a la forme d’une selle à cheval. Du milieu, on a toute la vue vers l’orient, mais il faut monter sur les deux éminences pour avoir une vue plus complète au nord et au sud. Je ne sais pas pourquoi M. Elisée Reclus parle de trois dents du Mézenc. Le géant des Cévennes n’en a que deux ; encore celle du sud ne mérite-t-elle guère ce nom, car elle a beaucoup plus la forme d’un mamelon que d’une dent. Dans certaines parties de l’Auvergne on donne au Mézenc l’épithète de Cornu.

La corne nord du Mézenc est surmontée d’une croix. De là on domine admirablement tout le haut Vivarais, et par un temps bien clair, la vue peut s’étendre jusqu’aux montagnes de la Bourgogne.

Du mamelon sud, le paysage s’étend à perte de vue sur les montagnes du bas Vivarais, de la Lozère et du Gard. Le spectacle est si vaste qu’il en résulte une confusion inévitable. D’ailleurs, il est extrêmement rare que le temps soit parfaitement clair dans toutes les directions.

A l’ouest, les pics volcaniques de l’Auvergne s’étendent aussi à perte de vue. Nous aperçûmes au milieu des monts Dore, le Puy de Sancy, le point le plus élevé de la France centrale, puisqu’il dépasse le Mézenc de 130 mètres, et nous crûmes même apercevoir les trois pointes supérieures du Cantal (1), mais j’avoue que nous avons bien pu prendre cette fois des vapeurs pour des montagnes, ce qui serait un point de ressemblance de plus entre les touristes et les hommes politiques.

Avec les horizons bornés, on peut avoir des journées parfaitement limpides et des ciels sans nuages. Mais cela devient de plus en plus rare à mesure que l’horizon s’étend. De même qu’une gaze légère repliée trois ou quatre fois sur elle-même acquiert l’opacité de la toile, les vapeurs imperceptibles sur un point donné prennent par leur profondeur l’apparence de brumes ou de véritables nuages. Il ne faut donc guère espérer, quand on monte sur une montagne élevée, de rencontrer des jours parfaitement clairs, et de pouvoir fouiller de l’œil dans tous les détails du panorama qu’on aura devant soi ; mais il y a évidemment le plus ou le moins, et nous étions tombés sur une journée moyenne. En général, et contrairement à l’opinion générale, on voit mieux du côté de l’orient, le soir, et du côté de l’occident le matin. C’est pour cela que les montagnes de l’Auvergne voltigeaient un peu comme des papillons noirs à l’extrême horizon, se confondant avec les nuages, outre que, grâce au soleil contenant, il était impossible de les fixer sans éblouissement.

Le sommet du Mézenc est beaucoup plus étroit que ne le font supposer les proportions de la montagne. C’est à peine s’il pourrait nourrir un troupeau de mille moutons, tandis que le plateau du Tanargue en nourrit plusieurs milliers.

L’herbe est fort maigre sur ce sommet. Nous y remarquâmes des genévriers nains.

Sur plusieurs points on a fait des essais de lauzières, c’est-à-dire des trous pour en tirer les lames phonolitiques qui servent, comme les lames micaschisteuses dans le canton de Valgorge, à couvrir les maisons. Il est évident néanmoins que ces lauzières sont le fait, non des maçons des Estables ou du Béage, mais simplement des bergers qui ont essayé, comme le témoignent certains amas de décombres, de se construire des refuges en cas de mauvais temps. Aucun de ces essais n’ayant réussi, les bergers n’ont pas trouvé de meilleur moyen que de se cacher dans les trous des lauzières ; encore ceci n’est-il que pour les cas graves, quand les nuages lancent de gros grêlons, car, dans les orages ordinaires, le berger reste au milieu de ses brebis qui se pelotonnent et ne veulent plus marcher – à peu près comme les conservateurs d’aujourd’hui. Je remarque qu’après tout, l’orage a dû surprendre fort rarement des bergers sur le sommet du Mézenc, car le plus imprudent a toujours eu le temps de descendre en partie la montagne par le versant ouest. Je constate aussi que, malgré le beau temps, nous n’avons rencontré aucun troupeau sur le Mézenc – circonstance qui, rapprochée des plantations de sapins que nous avions observées en montant, semble indiquer que la dépaissance a été, sinon interdite, au moins rigoureusement limitée sur la montagne.


Nous descendîmes du Mézenc à pied, mais pour remonter bientôt à cheval en nous dirigeant vers la montagne de Chaulet. Nous côtoyâmes les abîmes qui séparent le rebord occidental de Chaulet de la montagne de Saras que la nature a taillée en forme de pyramide, puis, sans quitter nos montures qui heureusement avaient le pied montagnard, nous dégringolâmes – c’est le mot – sans accident toutefois, dans la vallée où se cachent les ruines de la Chartreuse de Bonnefoy. Cette vallée est des plus pittoresques. Les prairies sont splendides et les sentiers – quand on suit des sentiers – sont bordée d’arbustes ou de plantes alpines parmi lesquelles nous distinguions de magnifiques absinthes, des gentianes et des vérâtres blancs.

Le monastère de Bonnefoy date de 1156 : il doit son origine à la munificence d’un seigneur du Mézenc, Guillaume de Fay, dit Jourdain, parce qu’il était né en Palestine et avait été baptisé dans l’eau du fleuve biblique ; mais les bâtiments dont on aperçoit les ruines sont de construction relativement récente, puisqu’ils ne furent commencés qu’eu 1719 et qu’ils n’étaient pas encore terminés en 1791. Les propriétés du monastère furent alors vendues au prix de 51 mille francs payés en assignats.

La Chartreuse de Bonnefoy était bâtie sur le modèle de la plupart des autres établissements du même ordre. Le bâtiment principal ayant sa façade tournée à l’est, a la forme d’un carré long, avec la chapelle au milieu. Aux extrémités sont deux grandes ailes dont une encore assez bien conservée, le tout formant avec les bâtiments d’exploitation qui reproduisent la même disposition un grand carré de constructions avec une vaste cour au milieu.

La partie de cette cour comprise entre les bâtiments du monastère était plus élevée que la partie comprise entre les bâtiments d’exploitation. On y montait par un perron de cinq marches au bas duquel jaillissaient deux belles fontaines.

Les ruines de Bonnefoy, malgré le vandalisme qui s’est acharné après elles, présentent un aspect imposant. La façade du bâtiment principal est presqu’entière ; le clocher et une tour se dressent avec un reste de fierté au-dessus de la foule des murs écroulés, dont quelques-uns atteignent encore le deuxième étage. Les amateurs feront bien néanmoins, s’ils veulent visiter ces ruines, de se presser, car ici comme à Mazan, malgré la solitude du lieu, on est friand de belles pierres de taille et toutes les années il en part un certain nombre.

Une des ailes, entièrement détruite, a été vendue en détail, et dans toutes les églises des environs on montre des pierres de taille, sculptées ou non, qui ont cette provenance. L’autre aile, quoique assez délabrée, est encore habitable et deux ou trois pièces, formant l’appartement du prieur, servent à recevoir le propriétaire quand il vient visiter son domaine.

Ces pièces se distinguent par quelques boiseries de bon gout. On y voit encore l’alcôve ou plutôt le lit armoire où couchait le prieur. Le réfectoire était aussi dans cette partie du monastère. De l’une des fenêtres j’aperçus dans les fossés extérieurs les restes d’un énorme mortier à plusieurs cavités qui était probablement établi autour d’un axe en fer.

Les anciennes écuries et le reste des bâtiments d’exploitation servent au fermier et à son troupeau.

Les moines de Bonnefoy étaient riches, puisqu’ils possédaient au moment de la Révolution 50,000 livres de revenus en bonnes terres. Mais je pense qu’il y a loin de là à dire, comme M. de Valgorge, que toute la contrée leur appartenait dans un rayon de huit lieues autour du couvent. Au reste, leur terrier existe encore et M. Henri Vaschalde, qui en est possesseur, pourra, s’il veut le consulter, se convaincre qu’il a lui-même montré beaucoup de crédulité en reproduisant sans aucune réserve cette assertion de M. de Valgorge.

La chartreuse de Bonnefoy fut plusieurs fois pillée et dévastée, d’abord par les routiers anglais, ensuite par les religionnaires, et enfin par les révolutionnaires.

Un indice de la crainte inspirée par les routiers nous est révélé par un acte de 1442 par lequel un seigneur du Béage renouvelle une autorisation, donnée par ses prédécesseurs aux moines de Bonnefoy, de se réfugier en temps de guerre, avec leurs meubles, dans une tour du château du Béage.

Pendant les guerres de religion, en 1569, la chartreuse de Bonnefoy fut surprise par un parti de trente protestants qui tuèrent le prieur et trois autres religieux. Les autres étaient menacés du même sort ; fort heureusement ils furent délivrés à temps par un détachement catholique envoyé du Puy. Les protestants surpris à leur tour furent tous massacrés et leurs corps enterrés dans un champ voisin qui porte encore le nom de traou dos igonaou.

Les agressions contre Bonnefoy se renouvelèrent si fréquemment, soit de la part des religionnaires, soit de la part des malandrins auxquels les guerres civiles fournissent toujours un prétexte, que le général de l’ordre, dom Bruno d’Affringues songea à déserter ces montagnes inhospitalières qui n’offraient plus à ses moines qu’un refuge sans cesse menacé. Il demanda asile en 1626 à l’évêque du Puy qui lui offrit la maladrerie de St-Lazare de Brives. Les chartreux de Bonnefoy, sans abandonner tout-à-fait leur ancienne demeure, s’y établirent vers 1629. Plus tard, ils allèrent s’installer dans le château de Villeneuve, présent magnifique de la famille de Polignac. (2)


M. Truchard du Molin, conseiller honoraire à la cour de cassation, mort en octobre dernier, a publié une étude intéressante sur l’ancienne seigneurie du Mézenc.

Les seigneuries de Fay, du Mézenc et des Estables constituèrent à l’origine trois seigneuries séparées et indépendantes. Elles furent plus tard réunies par des alliances de famille. On sait déjà que c’est un seigneur du Mézenc, Guillaume du Fay, qui fonda l’abbaye de Bonnefoy. Après sa mort, les trois seigneuries réunies passèrent dans la maison de Valentinois par le mariage de Philippa, sa fille, avec Aymard de Poitiers. Il paraît, du reste, que la seigneurie du Mézenc se restreignait aux pentes orientale et méridionale, les plus voisines de Bonnefoy. Au 14e siècle, les seigneuries de Fay et du Mézenc se séparèrent pour ne plus se rejoindre. La première tomba dans la maison de Crussol par le mariage d’un Guillaume de Poitiers avec Luce de Beaudiné dont la fille épousa Jean de Crussol. Le Mézenc et les Estables allèrent, d’un entre côté, dans une autre maison par un acte de 1399, moitié vente et moitié donation, du comte, de Valentinois à noble l’Hermite de la Faye.


En sortant de Bonnefoy, nous suivîmes de magnifiques prairies où nous aperçûmes l’ancien vivier des moines aujourd’hui complètement à sec.

Quelques restes de vieux murs en avant de ce vivier indiquent le premier emplacement de Bonnefoy, emplacement que les moines abandonnèrent pour en chercher un autre mieux abrité au fond même de la vallée.

Nous traversâmes la rivière pour entrer dans un joli bois fort touffu où nos têtes se heurtaient aux branchages inférieurs des arbres. Puis, après avoir contourné plusieurs montagnes, nous regagnâmes le Béage à la tombée de la nuit. Nous avions mis une heure et demie de la cîme du Mézenc à Bonnefoy et autant de Bonnefoy au Béage.

  1. Les trois points les plus élevés du groupe du Cantal sont le Plomb du Cantal, qui a 1858 mètres ; le Puy Mary, qui en a 1787, et le Puy Clavaroche, qui en a 1744.

    Dans les monts Dore, le Puy de Sancy a 1884 mètres, le Cézallier 1555 et le mont Dore 1046.

    Le Mézenc a 1754 mètres, le Gerbier 1562, l’Alambre 1560, le Grand-Leroux 1518, le Toupernas 1503, le Signoux 1465, Testenoire 1447, le Mégal 1438, le Montfol 1421, Chaulet et la Clède 1420.

  2. Bas-Vivarais du 12 juillet 1873.